Le ton est monté ce mardi 21 octobre 2025 au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) à Abidjan. Lors d’une conférence de presse animée par les porte-parole adjoints, l’honorable Simon Doho et Yapo Yapo Calice, le plus vieux parti politique du pays a dressé un tableau sombre de la situation sociopolitique et critiqué avec virulence la conduite de la campagne électorale du pouvoir RHDP.

Représentant le président du parti, Cheick Tidjane Thiam, et le porte-parole principal, Bredoumy Soumaïla Traoré, les deux responsables ont salué la mobilisation des militants et remercié la presse nationale et internationale pour son intérêt constant avant d’entrer dans le vif du sujet : la restriction des libertés, la gestion sécuritaire de la période électorale et le contenu de la campagne en cours.
Le PDCI-RDA a d’abord exprimé sa compassion aux familles des victimes des récentes violences enregistrées dans le pays et a réitéré son appel au respect des droits de l’homme.
Selon les conférenciers, les dernières décisions du Conseil national de sécurité (CNS), de la préfecture d’Abidjan et des ministères en charge de la Sécurité et de la Défense traduisent “une volonté manifeste de museler l’opposition et d’étouffer toute expression démocratique dans le pays”.

Abordant la campagne électorale, le PDCI-RDA n’a pas mâché ses mots. Pour l’honorable Simon Doho, la campagne du RHDP “porte l’ombre du PDCI injustement écarté de la compétition électorale”. Il a notamment fustigé “les appels du pied maladroits” adressés au président Cheick Tidjane Thiam par certains candidats et “les tentatives de récupération politique” du patrimoine historique du PDCI-RDA.
Les orateurs ont également tourné en dérision la mise en scène festive observée lors de certains meetings du parti au pouvoir, où “des débits de boissons ont été installés à l’entrée des espaces de rassemblement”. “On ne demande plus aux gens de comprendre un projet de société. On leur demande juste de boire et de voter”, a ironisé Doho, citant un artiste populaire.
Les responsables du PDCI-RDA ont aussi dénoncé les “autocélébrations” du pouvoir et ses “promesses répétées de partage de richesse”, jugées déconnectées de la réalité sociale du pays.
Selon eux, le discours du RHDP s’appuie sur une “comparaison erronée et arrogante” de ses quinze années de gouvernance avec les 51 années précédentes.

“Ceux qui affirment avoir bâti plus que tous leurs prédécesseurs ne vivent certainement pas en Côte d’Ivoire”, a lancé le parti, avant de pointer du doigt l’endettement record du pays : plus de 35 000 milliards de francs CFA, soit “plus d’un million de francs de dette par enfant ivoirien à sa naissance”.
Mais c’est surtout le nouveau slogan de campagne du RHDP qui fait bondir le parti d’opposition : “Si vous ne le votez pas, il va gagner et vous n’aurez rien.”
Pour le PDCI-RDA, ces propos, “tenus par des membres du gouvernement occupant des postes stratégiques”, constituent “un danger grave pour la cohésion nationale”. Le parti appelle le Médiateur de la République, la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance, la HACA, et les partenaires internationaux à s’en saisir “sans délai”.
Le PDCI-RDA a ensuite passé en revue les six piliers du programme du RHDP, les qualifiant de “formules creuses” et de “copier-coller d’engagements non tenus depuis 15 ans”.
- Paix et stabilité : “Le pouvoir confond silence imposé et cohésion nationale.”
- Capital humain : “Une croissance appauvrissante qui produit des diplômés sans emploi.”
- Infrastructures : “Des dettes colossales au détriment des générations futures.”
- Agriculture : “Une propagande sans souveraineté alimentaire.”
- Industrialisation : “Une croissance sans transformation.”
- Bonne gouvernance : “Des scandales à répétition et une administration vidée de son sens.”

Enfin, le PDCI-RDA a appelé les Ivoiriens à “tourner définitivement le dos à un régime qui infantilise les citoyens et divise les Ivoiriens entre ceux qui méritent et ceux qui doivent être punis”. Pour le parti fondé par Félix Houphouët-Boigny, les faibles taux de retrait des cartes d’électeurs observés à la mi-octobre à peine 9 % selon les propres chiffres du RHDP traduisent “la désaffection croissante d’un peuple lassé par les promesses non tenues et la confiscation du débat démocratique”.
“Un État fort ne se mesure pas à la peur qu’il inspire, mais à la confiance qu’il suscite”, a conclu l’honorable Simon Doho, sous les applaudissements des militants.
Moussa Camara
Nasopresse.com