Côte d’Ivoire / Présidentielle 2025 / Vers une souveraineté revisitée ?

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La salle Réquisition de l’hôtel Tiama affichait complet, ce jeudi 22 mai 2025, pour la conférence de presse organisée par la société civile L’Africanisme sur le thème : « Faut-il repenser la souveraineté ivoirienne ? ». À 156 jours du premier tour de la présidentielle, la question nourrit un vif débat dans l’espace public ivoirien.

Invitée d’honneur, Mme Elissa Raïssa Coulibaly, présidente de l’ONG Cœur ouvert aux femmes. Photo : Moussa Camara 

Invitée d’honneur, Mme Elissa Raïssa Coulibaly, présidente de l’ONG Cœur ouvert aux femmes, a rappelé que la mondialisation impose une interdépendance entre États : « On ne peut plus parler d’une souveraineté absolue qui consisterait à se gouverner sans tenir compte des autres. En revanche, l’organisation des élections et les grandes décisions politiques demeurent l’apanage de la Côte d’Ivoire ; c’est là que se joue notre souveraineté réelle. »

Elle a également plaidé pour une coopération sélective, économique, diplomatique, culturelle mise au service du bien-être des populations.

M. Koné Boubacar, secrétaire général adjoint de la société civile L’Africanisme. Photo : M.C

Pour M. Koné Boubacar, secrétaire général adjoint de la société civile L’Africanisme, la souveraineté “stricte” n’existe plus dans un monde globalisé ; l’enjeu est donc de bâtir un modèle de développement fondé sur les réalités locales : « À 22 semaines de l’élection, il nous faut projeter notre pays dans l’avenir avec lucidité et intelligence. L’Africanisme veut réveiller les consciences collectives et aborder les sujets d’intérêt général avant, pendant et après le scrutin. »

Il a exhorté les citoyens à s’impliquer activement dans les débats publics que le mouvement compte organiser tout au long de la campagne.

Interpellé sur le refus récent d’un prêt extérieur destiné au financement du processus électoral, M. Koné a salué la décision de la Commission Électorale Indépendante (CEI) : « Si la CEI renonce à une aide, c’est qu’elle dispose déjà des ressources nécessaires ; accepter des fonds additionnels pourrait être perçu comme une forme d’ingérence. L’organisation du scrutin doit rester une prérogative ivoirienne. »

M. Alafé Wakilli, président de la société civile L’Africanisme. Photo : M.C

Clôturant la rencontre, M. Alafé Wakilli, président de la société civile L’Africanisme, a remercié les participants et annoncé plusieurs rendez-vous : une table ronde sur l’usage citoyen de TikTok la semaine prochaine, puis un grand forum programmé le 10 juin. L’objectif : maintenir la société civile au cœur du débat, promouvoir la paix et défendre une vision panafricaniste renouvelée de la souveraineté.

Au fil des échanges, les intervenants ont interrogé les fondations mêmes de la souveraineté ivoirienne : héritage institutionnel de la colonisation, dépendances économiques et sécuritaires, construction inachevée d’une « nation ivoirienne ». Autant de défis qu’il faudra relever pour qu’« une souveraineté en construction » devienne, à terme, « une réalité partagée et assumée », ont-ils conclu.

Moussa Camara