Côte d’Ivoire / Jacqueville : Suite à un arrêté jugé partisan et injuste / Le préfet de Jacqueville échappe à un mouvement de protestation

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Le Préfet de Jacqueville peut remercier le Tout-Puissant. Elle a échappé de peu à une situation d’infortune, un mouvement de vive protestation.

Photo: des images de la protestation des habitants du village  d’Akrou.

En effet, hier vendredi, après la réunion qu’elle a eue avec la délégation de la Commission électorale indépendante (CEI) relative à la révision de liste électorale, si le Préfet de Jacqueville, Madame Félicité Kra Takia épouse Oula, s’était aussitôt aventurée sur le chemin du retour pour Abidjan, elle aurait surement passé un mauvais quart d’heure aux mains de nombreux habitants d’Akrou, village situé à 5 kilomètres de la commune de Jacqueville en venant de la capitale économique.

Ces derniers, sur le pied de guerre depuis la matinée et guettant ses moindres faits et gestes, ont projeté lui tendre un guet-apens au niveau de leur village pour protester contre un arrêté qu’elle aurait pris afin de désigner l’un des protagonistes au trône comme chef intérimaire pour 6 mois. Une décision qui n’est pas du gout de nombreux habitants de ce village avec leur tête celui qu’ils désignent comme leur chef, Gervais Tékri.

Ainsi, ont-ils épié l’administratrice toute la journée jusqu’à la fin de la séance de travail  avec les collaborateurs de Ibrahime Koulibaly-Kuibiert, président de la CEI. Cependant, malheureusement pour les protestataires, « leur cible » ne s’est pas présentée comme souhaité sur le chemin du retour.

Ayant certainement eu vent de leur projet, elle se serait retranchée, selon des indiscrétions, dans son bureau avec certains de ses collaborateurs le temps que la tension tombe. Qu’à cela ne tienne !

Ces villageois, en majorité des jeunes, informés de la fin de la réunion du Préfet, ont pris d’assaut le bitume qu’ils ont barricadé, bloquant littéralement la voie. Personne ne pouvait aller et venir. Une longue file d’attente de véhicules s’est formée sous le regard impuissant des forces de l’ordre. Ces policiers et gendarmes ont vainement tenté une médiation jusqu’à notre départ des lieux aux environs de 20 heures.

C’est dans cette atmosphère surchauffée que le président des jeunes du village d’Akrou, Herman Loïc Tékri,  a donné les raisons de la colère de ces villageois.

« Nous sommes ce soir sur la route pour nous faire entendre, pour que les autorités de la Côte d’Ivoire nous entendent. Nous avons un Préfet ici qui se mêle des affaires du village, qui s’ingère dans les affaires du village. Un Préfet qui nous a imposé un chef. Or, nous savons que ce sont les villages qui nomment leur chef. Elle va même jusqu’à prendre un arrêté pour nommer un chef intérimaire alors qu’il y a déjà un chef qui a été choisi, qui est dans ce village. S’il y a une crise et qu’elle doit régler la crise, c’est de nommer des gens qui vont venir faire une consultation ou des négociations. Elle vient, contre toute attente, et nous colle un chef de village sorti de nulle part et qui est même l’un des belligérants de la crise d’Akrou. C’est elle que nous avons attendue jusque-là. C’est elle qu’on voulait prendre comme elle a décidé de se mêler des affaires du village (…) Qu’elle abroge son arrêté. Il ne faut pas qu’elle vienne nous diviser avant de partir » a protesté le président des jeunes du village d’Akrou.

Il faut indiquer que depuis le décès de son chef, Ignace Nangba Yacé, en mars dernier, le village d’Akrou est en proie à une crise. Deux camps qui se discutent le trône. C’est dans ce contexte que le Préfet de Jacqueville, Madame Félicité Kra Takia épouse Oula, aurait, selon ces villageois mécontents, pris un arrêté pour nommer le camp adverse comme chef intérimaire pour 6 mois.

Une décision qui ne rencontre pas l’adhésion de la partie opposée. Une partie qui souhaite, en lieu et place de « cet arrêté de la discorde », une consultation populaire comme la pratique l’exige généralement en pareille circonstance.

R.F