Alors que la tension monte à l’approche de l’élection présidentielle du 25 octobre prochain, Amnesty International tire la sonnette d’alarme sur la restriction des libertés publiques en Côte d’Ivoire. Dans une déclaration publiée le jeudi 16 octobre 2025 sur son site officiel, l’organisation internationale de défense des droits humains appelle les autorités ivoiriennes à « cesser de réprimer les manifestations pacifiques » et à « respecter le droit fondamental de réunion ».

Le 2 octobre, le Conseil national de sécurité (CNS) a annoncé une série de mesures destinées à « maintenir l’ordre et la sécurité » durant la période électorale, notamment l’interdiction de tout rassemblement ou manifestation publique visant à contester les décisions du Conseil constitutionnel.
Dans la foulée, le préfet d’Abidjan a interdit plusieurs rassemblements prévus par les partis de l’opposition les 4 et 11 octobre. Une décision que Marceau Sivieude, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, juge contraire aux engagements internationaux du pays.
« Le recours à des interdictions générales des manifestations montre que les autorités ivoiriennes échouent à respecter le droit à la liberté de réunion pacifique. De telles interdictions sont présumées disproportionnées et violent les dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques », a déclaré Marceau Sivieude.
Le samedi 11 octobre, des jeunes militants de l’opposition ont tenté de se rassembler pacifiquement dans le quartier de Cocody, à Abidjan. Selon Amnesty International, les forces de sécurité ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser les participants.
Les autorités ont ensuite fait état de 237 arrestations à Abidjan et 18 autres à Dabou, à une quarantaine de kilomètres de la capitale économique. Les chefs d’accusation retenus contre les personnes interpellées n’ont, à ce jour, pas été rendus publics.
« Toute personne détenue pour le simple fait d’avoir exercé pacifiquement ses droits humains doit être libérée immédiatement », insiste Amnesty International, qui exige également la publication d’informations sur les arrestations et les chefs d’accusation, ainsi qu’une enquête sur tout recours excessif à la force.
Face à la multiplication des interdictions et à la répression des rassemblements, l’organisation de défense des droits humains rappelle que la manifestation pacifique est un droit constitutionnellement garanti.
« La manifestation pacifique est un droit, non un privilège », martèle Marceau Sivieude.
« Les autorités ont le devoir de respecter, protéger et faciliter la liberté de réunion pacifique de tous dans le pays. Toute restriction doit être légale, nécessaire, proportionnée et non discriminatoire. »
Amnesty exhorte par ailleurs le gouvernement à privilégier le dialogue et la désescalade, plutôt que la confrontation avec les citoyens qui expriment leurs opinions politiques.
La déclaration d’Amnesty intervient dans un contexte politique tendu. Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2010, a annoncé son intention de briguer un quatrième mandat.
Le 8 septembre, le Conseil constitutionnel a validé cinq candidatures, dont celle du chef de l’État sortant. En revanche, deux figures de l’opposition, qui avaient réclamé une alternance politique, ont vu leurs dossiers rejetés.
Le Conseil national de sécurité a depuis ordonné le déploiement de 44 000 membres des forces de sécurité à travers le pays pour assurer le maintien de l’ordre. Une mesure qui, selon plusieurs observateurs, accentue le climat de crispation entre pouvoir et opposition.
Le 11 octobre, après la dispersion de la marche à Abidjan, la résidence du leader d’opposition Pascal Affi N’Guessan a même été encerclée brièvement par des forces de sécurité avant leur retrait.
En conclusion, l’organisation internationale invite les autorités ivoiriennes à faire preuve de retenue et à créer les conditions d’un scrutin apaisé, dans le respect des libertés fondamentales.
« Au lieu d’interdire les rassemblements, les autorités devraient les encadrer et les faciliter, dans un esprit de désescalade et de protection des participants », recommande Amnesty.
L’appel d’Amnesty International s’ajoute à ceux de plusieurs organisations nationales et internationales qui exhortent le gouvernement ivoirien à garantir un climat démocratique et inclusif à l’approche du scrutin présidentiel.
- 255 manifestants arrêtés à Abidjan et Dabou lors des rassemblements du 11 octobre.
- Amnesty dénonce des interdictions jugées “illégales et disproportionnées”.
- L’ONG appelle à la libération immédiate des détenus et à la fin de la répression.
- Climat politique tendu à moins de dix jours de la présidentielle du 25 octobre.
Publié le 17 octobre 2025 – Par la Rédaction de Nasopresse.com