À l’occasion de la cérémonie de restitution des travaux du Forum Africain sur l’Environnement et les Industries Extractives (FAFEX), tenue à l’hôtel Palm Club de Cocody ce mercredi 09 juillet 2025, le président de l’ONG Agir pour l’Environnement dans les Industries Extractives (AEIE), M. Bohoussou Kouakou Raymond, a lancé un appel pressant à l’implication des communautés dans la lutte contre l’orpaillage illégal en Côte d’Ivoire.
Cette rencontre, marquée par des échanges techniques et des témoignages de terrain, visait à dresser le bilan des travaux menés lors de l’édition 2024 du FAFEX à Yamoussoukro, tout en exposant les pistes d’action concrètes pour réhabiliter les sites miniers dégradés.
M. Bohoussou a rappelé que l’orpaillage clandestin reste l’un des défis majeurs pour l’environnement et les populations rurales. « L’orpaillage illégal ne détruit pas seulement les sols, il empoisonne aussi les cours d’eau, détruit les cultures et met en danger les moyens de subsistance des communautés villageoises », a-t-il souligné.
Pour le président de l’AEIE, la réponse à ce fléau passe nécessairement par une approche communautaire : « Nous devons impliquer les populations locales dès la phase de diagnostic, jusqu’à la réhabilitation finale des sites. Ce n’est qu’en créant de la valeur localement que nous pourrons véritablement enrayer le phénomène. »
L’un des obstacles majeurs reste la question du financement de la réhabilitation des sites. À ce sujet, plusieurs intervenants, dont des experts internationaux, ont évoqué les limites actuelles d’accès aux fonds climatiques ou environnementaux tels que le FEM (Fonds pour l’Environnement Mondial) ou le Fonds Vert pour le Climat.
« Il faut créer des guichets de financement plus flexibles et accessibles aux ONG et acteurs de terrain. Les États ne peuvent plus seuls supporter le coût de la restauration des sites dégradés par des opérateurs souvent non identifiables », a martelé Bohoussou Raymond.
Selon lui, la solution réside dans des partenariats tripartites entre l’État, les bailleurs internationaux et les organisations locales.
Outre les questions financières, l’expertise technique pour mener à bien les projets de réhabilitation fait souvent défaut. « Certaines entreprises minières souhaitent restaurer leurs sites, mais manquent tout simplement de compétences. C’est pourquoi nous proposons d’intervenir en appui technique pour les accompagner », a expliqué le commissaire général du FAFEX.
Des partenariats ont d’ailleurs été noués avec des institutions spécialisées pour l’analyse des sols, dans l’optique de proposer des plans de restauration adaptés et durables. « Restaurer un sol, ce n’est pas juste le niveler.
C’est un processus scientifique qui nécessite des analyses chimiques et une stratégie agroécologique », a-t-il précisé.
La rencontre a aussi permis de pointer les limites du cadre juridique actuel, jugé parfois inadapté ou peu appliqué. M. Bohoussou a insisté sur la nécessité de former les opérateurs miniers, notamment artisanaux, pour qu’ils adoptent des pratiques responsables.
« Si l’on veut que l’activité minière artisanale cesse d’êtrillégale, il faut lui donner un cadre structuré, avec des coopératives encadrées, une formation adaptée, et des débouchés légaux », a-t-il expliqué.
Enfin, le président de l’AEIE a plaidé pour l’intégration d’une politique nationale claire de restauration minière dans le Plan National de Développement (PND). Il estime que la réhabilitation des terres peut générer des effets positifs sur la sécurité alimentaire, la cohésion sociale, l’emploi rural et la lutte contre la pauvreté.
« La restauration des terres est l’un des projets les plus transversaux et les plus porteurs pour nos communautés. Il est temps de lui donner la place qu’il mérite dans les priorités nationales », a-t-il conclu.
Avec la restitution des travaux du FAFEX 2024, c’est une nouvelle étape qui s’ouvre dans la lutte contre l’orpaillage illégal en Côte d’Ivoire. Mais pour qu’elle réussisse, elle doit s’appuyer sur une vision commune, des financements adaptés, et surtout, une implication forte des populations à la base.
Moussa Camara
Nasopresse.com