Côte d’Ivoire / Tragédie au cœur d’Adjamé / Des commerçants en pleurs, Ouattara interpellé

Côte d'Ivoire / Tragédie au cœur d’Adjamé / Des commerçants en pleurs, Ouattara interpellé

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Un violent incendie ravage le marché Petit : des millions partis en Lomé fumée, les commerçants appellent au secours.

Des scènes de désolation et de détresse ont secoué la commune d’Adjamé dans la matinée du jeudi 15 mai 2025. Un incendie d’une rare intensité a entièrement consumé le petit marché Lomé, véritable poumon économique pour des centaines de familles. Bien qu’aucune perte en vie humaine ne soit à déplorer, les dégâts matériels sont colossaux.

‎L’épaisse fumée noire qui s’échappait du centre du marché a suffi à plonger la population dans une profonde panique. Le feu, attisé par le vent et la promiscuité des installations, s’est propagé à une vitesse fulgurante. Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, une baisse de tension électrique pourrait être à l’origine du sinistre.

« Tout est parti en fumée »

‎Malgré l’intervention rapide des sapeurs-pompiers militaires, appuyés par les forces de police, le marché Petit Lomé n’a pu être sauvé. Les commerçants assistent, impuissants, à l’effondrement de leur unique source de revenus.



‎Adama Komara, commerçant :
‎« J’ai couru pour sauver ce que je pouvais, mais c’était trop tard. Le feu était trop rapide, trop fort. Tout le monde criait, les gens couraient dans tous les sens. Il n’y avait pas d’extincteurs, pas de plan d’évacuation. On travaille tous les jours dans ce marché, mais personne ne pense à notre sécurité. »

‎Abdoulaye Sangaré, commerçant, a quant à lui eu plus de chance :
‎« Par la grâce de Dieu, j’ai réussi à sortir toutes mes marchandises juste à temps. J’ai senti une odeur étrange et j’ai tout de suite réagi. Mais tout le monde n’a pas eu cette chance. Voir mes voisins perdre tout m’a brisé le cœur. »

Des pertes économiques considérables

‎Pour les commerçants sinistrés, le choc est immense. Des années d’efforts et d’économies réduites à néant en quelques heures.

‎Aïssata Koné, vendeuse de pagnes depuis plus de 12 ans :
‎« J’ai tout perdu. Mon commerce, c’était mon avenir, celui de mes enfants. Je ne sais même pas par où recommencer. »

Des questions, peu de réponses

‎À l’heure actuelle, les causes exactes de l’incendie restent inconnues. Une enquête a été ouverte pour déterminer l’origine du drame. Les premières observations n’ont pas permis de conclure à un court-circuit ou à un acte criminel. Les installations électriques, souvent défaillantes dans ce type de marché, seront examinées.

‎Jean Konaté, commerçant :
‎« Ce drame montre encore une fois les failles dans nos systèmes de sécurité. Ce n’est pas la première fois qu’un marché prend feu. Cocovico, Gouro… et maintenant nous. J’en appelle aux autorités : il faut une vraie politique de sécurisation des marchés. Il faut reconstruire, mais surtout prévenir. »

Les commerçants interpellent le Président Ouattara

‎Face à l’ampleur de la tragédie, les victimes lancent un appel au chef de l’État, Alassane Ouattara, pour un accompagnement rapide. Elles réclament des aides d’urgence, des mesures de relogement et un plan de reconstruction du marché.

‎Cet énième incendie relance le débat sur la sécurité dans les marchés populaires de Côte d’Ivoire. Après Cocovico en février dernier, le marché Gouro en 2023, c’est désormais Petit Lomé qui s’ajoute à la longue liste des marchés dévastés par les flammes. À Adjamé, l’espoir renaîtra peut-être des cendres, mais la colère, elle, est bien vivante.
‎‎Zon Modou