Lors d’une conférence de presse animée ce jeudi 10 avril 2025 à la maison du PDCI-RDA à Cocody, le porte-parole du parti, Soumaïla Kouassi Bredoumy, est revenu sur les enjeux du Programme National d’Investissement Agricole (PNIA), également appelé PENIA, mis en œuvre par le gouvernement ivoirien pour booster le secteur agricole.
Honorable Soumaïla Kouassi Bredoumy, porte-parole du PDCI-RDA
Soumaïla Kouassi a d’abord rappelé que le PENIA s’inscrit dans le cadre du programme quinquennal de développement national. Conformément aux recommandations de l’Union africaine et de la CEDEAO, chaque État membre doit consacrer au moins 10 % de son budget national au secteur agricole. Ainsi, un Programme régional d’investissement agricole (PRIA) a été mis en place, suivi d’un Programme national (PNIA) pour chaque pays.
En Côte d’Ivoire, ce programme a été initié avec une première enveloppe estimée à 4 000 puis 5 000 milliards de francs CFA, avant d’atteindre 12 000 milliards. « L’objectif était clair : structurer le développement agricole autour de financements partagés, à raison de 60 % pour l’État et 40 % pour le secteur privé », a expliqué Kouassi Bredoumy.
Cependant, cette ambition s’est heurtée à plusieurs réalités du terrain. Le porte-parole du PDCI a souligné que dans la pratique, c’est le secteur privé qui a porté la majorité des investissements. « Le problème, c’est que les conditions de base n’étaient pas réunies pour les investisseurs : pas de routes, pas d’électricité, pas de terrains aménagés. Ce n’est pas au privé de faire ces infrastructures », a-t-il regretté.
Face à cette situation, la nécessité de revoir le programme s’est imposée. L’idée : faire en sorte que l’État réalise les investissements structurants afin de créer un environnement favorable pour les opérateurs privés.
Soumaïla Kouassi a également évoqué une nouvelle approche du PNIA, qui repose sur une spécialisation par zones agroclimatiques. « Chaque région devra se concentrer sur des cultures spécifiques : coton, karité et sésame dans le nord ; riz dans l’ouest ; cultures pérennes dans le sud », a-t-il précisé.
Il a aussi évoqué des projets pilotes, comme celui d’une ferme d’avocats financée à hauteur de 43 milliards FCFA, et déploré que d’autres projets initiés aient été redirigés sans explication. « J’avais une stratégie claire, appuyée par la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD), mais cela n’a pas été suivi », a-t-il confié.
Selon le porte-parole, le ministère de l’Agriculture avait prévu, entre 2023 et 2024, de faire passer l’usage de semences améliorées de 1 % à 5 %. Mais le bilan est maigre. « En 2023, déclarée année de la jeunesse, aucun jeune n’a été installé malgré les promesses », a-t-il dénoncé, pointant un problème d’accès à la terre, aux intrants et aux financements.
Enfin, Kouassi a abordé la situation préoccupante du cacao, principale culture d’exportation du pays. Il a évoqué la chute de 30 % des prix mondiaux et la spéculation de certains acteurs qui ont profité de la situation, au détriment des producteurs. « Quand les producteurs ne gagnent pas, ce sont les spéculateurs qui raflent la mise. Des contrats de vente signés en 2024 n’ont pas pu être honorés en 2025, faute de production suffisante », a-t-il regretté.
Il a appelé à une meilleure stratégie de vente, s’appuyant sur une anticipation des tendances du marché et une meilleure gouvernance. « Il est temps que la Côte d’Ivoire adopte une approche plus rigoureuse et souveraine de sa politique agricole », a-t-il conclu.
Moussa Camara