Côte d’Ivoire / I.A / Professeur Lazare Poamé à propos de l’Intelligence Artificielle « Eviter de transformer l’école en fabrique de crétins digitaux »

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La place de l’Intelligence Artificielle (IA) dans l’Enseignement Supérieur. C’est autour de ce thème que s’est articulé le colloque international « AfricaDigitalE » organisé, le jeudi 17 octobre dernier, aux Deux-Plateaux, par l’Université Virtuelle de Côte d’Ivoire (UVCI).

En sa qualité de Grand orateur de ce colloque, le Professeur Lazare Poamé, titulaire de la Chaire UNESCO de Bioéthique de l’Université Alassane Ouattara et Membre Associé de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, a fait savoir, au cours de la conférence qu’il a animée, que l’introduction de l’IA dans l’éducation nécessite une « réflexion éthique solide pour éviter la transformation de l’école en fabrique de crétins digitaux ».

En effet, selon Professeur Lazare Poamé, parceque, « tout passe par l’éducation, tout part de l’éducation et revient à l’éducation, tous les corps de métier ont été coulés dans le moule de l’éducation, tous les secteurs d’activité ont été façonnés dans une forge transcendantale qui a pour nom commun Éducation », il faut prendre des précautions quant à l’intégration de cette technologie dans le système éducatif en l’encadrant par l’éthique. Il est question ici, selon l’éminence grise, de « faire entrer l’IA de manière légale, intelligente et raisonnable dans l’éducation » en s’appuyant sur des valeurs telles que la dignité humaine, l’équité et la durabilité.

En somme, sans être opposé à l’usage de cette nouvelle trouvaille, le Grand orateur de ce colloque a souhaité que cela se fasse sous l’égide de l’éthique. D’autant plus que, a-t-il justifié, « dans la quasi-totalité des mésosphères sociopolitiques de la planète, l’IA est entrée, presque par effraction, dans les familles, les écoles et les universités ».

Cependant, a précisé le Professeur, cette éthique n’est pas un ensemble de règles morales rigides, mais une réflexion critique sur les valeurs morales, ajustée au contexte de l’éducation numérique. Selon lui, l’intégration de l’enseignement de l’éthique de l’IA dans les programmes universitaires, est la démarche essentielle pour préserver l’humanité à une époque où le numérique redéfinit les frontières du possible. « L’institutionnalisation de l’enseignement de l’éthique de l’IA est une nécessité vitale » a-t-il interpellé, tout en appelant à une révision des modes de transmission et d’évaluation des savoirs.

Le Professeur Lazare POAMÉ a également abordé les défis éthiques posés par l’IA dans le milieu éducatif. Au nombre de ceux-ci, figurent, entre autres, l’accès équitable aux ressources pédagogiques, la préservation de l’intégrité scientifique, la réaffirmation de l’autorité pédagogique des enseignants face à des apprenants technologiquement augmentés.

Ces préoccupations ont amené l’Universitaire à programmer l’organisation d’un colloque quadri-continental sur cette thématique : « L’éthique de l’intelligence artificielle et la docimologie au 21ème siècle : enseigner et évaluer autrement avec l’IA générative », les 22 et 23 mai 2025 à Abidjan.

Mais avant, le conférencier a, pour finir, lancé un appel à la vigilance collective afin de garantir la contribution de l’IA à l’épanouissement des apprenants tout en respectant les valeurs fondamentales qui sous-tendent notre humanité.

Romaric Foua