Côte d’Ivoire / Ivoire Tech Forum 2025 / Le numérique et la culture au cœur d’un panel ministériel de haut niveau

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En marge de l’Ivoire Tech Forum 2025 ce jeudi 10 juillet 2025, un panel d’envergure s’est tenu à Abidjan, réunissant des ministres ivoiriens, congolais et guinéens autour d’une ambition commune : faire du numérique un levier de transformation en Afrique. De la réforme de la poste à la valorisation de la culture à l’ère digitale, les échanges ont dessiné une vision claire d’un continent en pleine mutation.

Dans son intervention, le ministre ivoirien, Khalil Konaté de la Transition numérique a mis en lumière plusieurs projets structurants visant à étendre l’accès aux services numériques sur l’ensemble du territoire. Il a notamment évoqué un partenariat stratégique avec la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement et l’Union européenne à travers le « Projet d’accélération de la transformation numérique ».

Un des axes majeurs de ce projet concerne la modernisation du réseau postal national. En effet, les bureaux de poste sont appelés à devenir de véritables hubs numériques, connectés à la plateforme e-goo, afin de permettre aux citoyens d’interagir facilement avec l’administration. Ce repositionnement stratégique de la poste vise aussi à faciliter le développement du commerce électronique, notamment pour répondre à la problématique du « dernier kilomètre » dans les livraisons.

Mais l’ambition va plus loin : l’ouverture du capital de la poste est à l’étude. Le gouvernement envisage une privatisation partielle, à l’image des expériences menées avec succès en RDC ou au Gabon, dans le but de dynamiser les investissements et les services offerts aux citoyens.

« La poste restera toujours au cœur du village. Elle est et demeure le réseau le plus étendu du pays. Et dans notre vision d’une administration électronique performante, elle en est l’épine dorsale », a insisté le ministre.

Prenant la parole à son tour, la ministre ivoirienne de la Culture, Françoise Remarck a mis en exergue le potentiel colossal de l’économie culturelle africaine, souvent sous-estimé. Elle a cité l’exemple du Nigeria où la culture représente près de 20 % du PIB, pour souligner l’urgence de changer de paradigme en Afrique.

« L’actif le plus précieux de l’Afrique, c’est sa culture. Il est temps de passer d’une perception folklorique à une vision économique et stratégique de ce secteur », a-t-elle martelé.

Pour répondre à ce défi, la Côte d’Ivoire a déjà pris des engagements politiques forts. Le secteur culturel figure désormais au cœur du Plan national de développement 2021-2025, au même titre que le tourisme ou le numérique. Cette dynamique a été renforcée par l’annonce présidentielle en décembre 2024 de la création d’une Cité de l’Innovation, des Arts et de la Culture.

Cette future cité ambitionne de regrouper en un seul espace un écosystème complet : start-ups, acteurs culturels, centres de formation, et infrastructures dédiées (cinéma, musique, mode…). Elle incarne la volonté de l’État de faire converger innovation, culture et entrepreneuriat.

« Pour transformer nos nations, il faut partir de notre identité culturelle. Le numérique est un formidable outil pour valoriser, diffuser et rentabiliser cette richesse », a souligné la ministre.

Ce panel de haut niveau a permis de rappeler que le numérique ne se limite pas aux infrastructures technologiques. Il est aussi un catalyseur d’opportunités économiques, un outil d’inclusion sociale et un moyen de revalorisation identitaire. En un mot : un levier de souveraineté.

L’Ivoire Tech Forum 2025, par la qualité de ses débats et des perspectives ouvertes, s’impose plus que jamais comme le rendez-vous incontournable de l’innovation en Afrique de l’Ouest.

Moussa Camara
Nasopresse.com