Côte d’Ivoire / Comité central du PPA-CI / Laurent Gbagbo annonce une intensification de la lutte et affirme son soutien au PDCI-RDA

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Réuni en comité central ce samedi 26 avril 2025 à Abidjan, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par l’ancien président Laurent Gbagbo, a arrêté des résolutions majeures en réponse à l’évolution de la situation politique nationale. À six mois de l’élection présidentielle, le parti se prépare à franchir « un nouveau cap » si ses revendications restent ignorées d’ici la mi-juin 2025.

Laurent Gbagbo, président du PPA-CI. Photo: Archive

Présidant lui-même les travaux, Laurent Gbagbo, par la voix de sa porte-parole, Maître Habiba Touré, a précisé que le PPA-CI procédera, en juin, à une évaluation de la mobilisation politique ainsi que de la réponse ou de l’absence de réponse des autorités. « Si à l’issue de ce délai, aucun changement notable n’intervient, le PPA-CI engagera une lutte plus déterminée et mieux structurée, à la mesure de la gravité de la situation », a-t-elle averti.

S’il reste attaché à une résolution pacifique des différends, le parti prévient toutefois : « Face à un pouvoir sourd, parfois il n’y a pas d’autre choix que de se dresser », a lancé Maître Touré, en soulignant que « la patience du PPA-CI a ses limites ».

Dans son discours d’orientation, Laurent Gbagbo a exprimé un appui clair au PDCI-RDA, actuellement confronté à de graves difficultés internes et judiciaires. Il a réaffirmé l’importance de défendre le pluralisme politique : « Nous ne laisserons pas mourir le PDCI-RDA parce qu’il traverse des épreuves », a-t-il déclaré.

L’ancien président a insisté que ce soutien repose sur une conviction profonde, non sur un calcul électoral : « La bataille pour notre liberté est aussi la leur. Nous leur apporterons notre soutien sans attendre de contrepartie, car la conviction politique n’est pas un marchandage », a-t-il martelé.

La crise qui secoue le PDCI-RDA a été exacerbée par la radiation de son président, Cheick Tidjane Thiam, de la liste électorale provisoire, une décision confirmée le 24 avril 2025 par la Commission Électorale Indépendante (CEI), sans possibilité de recours.

Laurent Gbagbo lui-même est confronté à une situation similaire : bien qu’investi par le PPA-CI pour la présidentielle d’octobre, son nom a également été exclu de la liste électorale. Cette série d’exclusions alimente un climat politique de plus en plus tendu à l’approche du scrutin.

Revenant sur « l’appel de Bonoua », Laurent Gbagbo a tenu à lever toute ambiguïté, précisant qu’il s’adressait à l’ensemble des victimes d’injustices sociales et économiques : « Cet appel visait ceux dont les maisons ont été détruites, ceux qui souffrent de la cherté de la vie, ceux dépossédés de leurs terres », a-t-il expliqué.

Dans cette dynamique, il a annoncé la création d’un mouvement citoyen dénommé « Trop, c’est trop », destiné à fédérer toutes les voix du mécontentement populaire.

Laurent Gbagbo n’a pas exclu la possibilité de descendre dans la rue, mais de façon stratégique : « Nous prendrons la rue un jour. Mais ce ne sera pas demain. Ce n’est pas quand ton adversaire t’attend dans la rue que tu t’y rends », a-t-il averti, tout en appelant les autorités à « réparer le pays ».

Face à l’exclusion de figures majeures de l’opposition, dont lui-même et Tidjane Thiam, l’ancien président ivoirien prépare visiblement le terrain pour une contestation politique de grande ampleur dans les mois à venir.

Moussa Camara