Les entrepreneurs agricoles ivoiriens continuent de subir les effets néfastes de Covid-19 sur leurs productions agricoles. Depuis l’apparition du premier cas en mars 2020, les entreprises agricoles en Côte d’Ivoire ont vu leurs chiffres d’affaires chutés voir quasiment nul. Nous nous sommes rendus chez Biomass à Yamoussoukro pour constater l’impact de Covid-19 sur cette société agricole. Reportage.
Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire, à 250 km de la capitale économique ivoirienne, Abidjan ; c’est ici que Kouassi Kra Justin, 34 ans a décidé d’installer son usine de production d’engrais appelé Biomass. Logé dans l’enceinte de l’Institut Nationale Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro, Kouassi Kra Justin se fait aider par des élèves de cette Institut. Kouamé Kouassi Jean Luc, 23 ans, élève ingénieur en science technologie de l’information et de la communication(STIC), 1ère année à l’Ecole Supérieur de l’Industrie(ESI) de l’INP-HB est chargé de tout ce qui est digital(Réseau sociaux, site web). Il est aussi chargé du service commercial de Bioamass.
« Je ne perçois pas de salaire à l’entreprise Biomass, seulement mon transport est assuré par le Dg de Biomass. J’apprends de l’entreprenariat auprès de M Kouassi, et j’ai appris beaucoup sur l’entreprenariat à 1 an de collaboration avec Kouassi Kra Justin. A la fin de ma formation, je vais aller chercher du travail dans une entreprise privée pour acquérir de l’expérience et après cela je reviendrai travailler avec M Kouassi. », dit-il. N’Guessan Bogui, 21 ans, élève ingénieur génie des procédés en 1ère année intervient au niveau de la transformation des engrais Biomass.
« Non seulement, j’apprends avec M Kouassi mais aussi j’apporte ce que j’ai appris à l’école. Je voudrais travailler pour avoir de l’expérience et ensuite je vais créer ma propre entreprise comme M Kouassi. », souligne cet élève qui étudie la chimie industrielle et alimentaire. Titulaire d’une licence en économie et gestion agropastorale, Master en management des entreprises et organisation agropastorale à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, Certificat à l’Institut international d’agriculture tropicale(IITA) à Ibandan au Nigeria, Certificat en entreprenariat agricole dans l’incubateur ESA AGRI INOV, Certificat au projet d’appui au développement des filières manioc et maraîcher, Lauréat du prix industrie de la business plan compétition section 2019 de CGECI, Kouassi Kra Justin, 34 ans, directeur général de Biomass, est issu d’une famille agriculteur. Père paysan et mère paysanne, il a embrassé le métier de la terre dès son jeune âge c’est-à-dire à 8 ans. Pendant les vacances, il s’adonnait à la culture maraîcher avec sa mère afin d’assurer sa scolarité. C’est ainsi qu’il a décidé de faire le travail de la terre après le baccalauréat qu’il a obtenu en 2005.
« C’est pourquoi, j’ai suivi la branche agricole en m’inscrivant à l’Université régional de l’enseignement supérieur de Korhogo. Après mon diplôme, au lieu d’aller chercher du travail, j’ai préféré aller faire un stage auprès des paysans pour m’imprégner les difficultés lié à l’agriculture. C’est ainsi que j’ai réalisé que les paysans étaient confronté à l’infertilité ou l’appauvrissement des sols. C’est ce qui a suscité la création du Biomass. J’ai fais 3 ans de recherche pour faire ma première demande en 2014, et le brevet est sorti en 2018. C’est à l’issue de cela que j’ai décidé la fabrication de l’engrais Biomass. Engrais se fait par la technique du compostage. Il s’agit de valoriser les déchets agricoles, agroindustrielle à travers mon projet de production de fertilisant organique à fort potentiel agronomique. », indique le Dg de Biomass.
Ainsi, depuis 2018, le fondateur de Biomass bénéficie de l’appui de la Bad à travers le projet ENABLE YOUTH et des partenaires tels que IITA, Agence Emploi Jeune, l’Agence Côte d’Ivoire PME et l’INP-HB de Yamoussoukro. En effet, il faut noter que la gamme de produit Biomass est sous deux formes : la forme granulé appelé super Biomass granulé et la forme liquide super Biomass foliaire. Les valeurs scientifiques ont été approuvées, dit-il, par deux laboratoires : Le laboratoire de pédologie d’ESA (Ecole Supérieur Agronomie) et le laboratoire SAS France. Cependant, l’engrais de Kra Justin joue deux rôles majeurs : d’une part, sa forte proportion en humus lui confère le rôle de restauration des sols dégradés permettant à l’exploitant agricole de rester sur place sur son sol agricole. Et l’autre rôle majeur ; il permet d’accroitre la productivité des cultures dans l’ordre de 40% à 50%. Il limite l’impact de la propagation de certaine maladie fongique. C’est un engrais 100% naturel étant efficace sur les cultures pérennes, les cultures maraîchères et les cultures vivrières. « Nous sommes prêts de lancer une production d’échelle à Agnibilikro avec une prévision de 5000 tonnes à moyen terme. Ce projet va permettre de créer au moins 100 emplois directs et 200 emplois indirects. Permettant ainsi de lutter efficacement contre la pollution et le changement climatique. », déclare le Dg de Biomass Kouassi Kra Justin.
L’avantage d’utilisation de l’engrais Biomass
L’avantage d’utilisé l’engrais Biomass se situe à plusieurs niveaux : il permet d’améliorer de façon substantiel le revenu des producteurs ; au niveau social, le producteur ne risque pas d’intoxication et au niveau environnement, l’engrais ne contient pas de métaux lourd ni du résidu chimique susceptible de polluer les courts d’eau, la nappe phréatique et la faune.
Fabrication de l’engrais Biomass
Selon le Dg de Biomass, Kouassi Kra Justin dit que la fabrication de l’engrais Biomass commence par la production qui se fait avec les résidus agricoles et agroindustriels sur la base d’un calcul à terme proportion. A la réception, on fait le treillage et on pèse les matériaux à composter et on fait la mise en place de l’andain sous un abri bien aéré. Ensuite, les paramètres tel que le PH (Potentiel Hydrogène), la température, l’humidité, le rapport carbone azoté sont suivi rigoureusement afin d’obtenir le composte mûr riche en éléments minéraux et matière organique au bout de 3 mois. Après cette étape, le produit passe par une unité d’affinage avant d’être conditionner prêt à l’emploi. Par conséquent, le Dg de Biomass ambitionne de diversifier les domaines d’activités Biomass.
Il veut automatiser ses chaînes de productions afin de produire à moindre coût pour que le produit soit accessible au planteur quelque soit leur pouvoir d’achat. C’est pourquoi, il mène des recherches pour produire les bios pesticides tels que le biogaz, le bio-char…..etc, afin de contribuer à la protection de l’environnement. Pour ce faire, il veut créer une fondation dédié à la protection de l’environnement et la sauvegarde de la biodiversité. Mais, il faut la somme de 1,5 milliards de F cfa pour réaliser ce projet. Donc, le promoteur de l’engrais Biomass est à la recherche des partenaires. Par ailleurs, le sac de 50 kg de l’engrais Biomass solide granulé coût 14 000 F cfa, le conditionnement de 2kg granulé à 1000 Fcfa et le super Biomass foliaire de 1 litre est vendu 12 000F cfa. Mais, le courage et la détermination à l’entreprenariat est salué par les acteurs agricoles dans la région du Bélier. Offoumou Jenevi Martial, 37 ans, logisticien et responsable des approvisionnements en matière première, un des compagnons fidèles de Kouassi Kra Justin reconnait l’esprit entreprenariat de son ami de l’Université agronomie de Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo.
« Nous nous sommes connus à l’Université agronomie de Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo. Après chacun s’est inséré dans le monde professionnel. De 2005 à 2006, notre professeur a demandé que chaque étudiant de faire une culture. Tous les étudiants ont choisi la culture qui semble être facile à faire. Mais, Kouassi Kra Justin a opté pour la culture de carotte qui n’est pas productif à cause de l’état du sol de cette région. Et, M Kra Justin a réussi à faire pousser la carotte et nous avons nommé son projet « Projet Carotte » donc c’est pour vous dire que M Kra avait déjà en lui la vision de l’entrepreneur agricole. Je suis toutes les étapes du développement de son entreprise et il me consulte régulièrement. Nous ne sommes pas des partenaires mais j’appui Justin sur le plan moral. », dit-il.
Mais, Offoumou Jenevi Martial souhaite que le Dg de Biomass doive créer un bon plan commercial qui va permettre à Biomass d’accroître son chiffe d’affaire. Dr Adjé Anoh Felix, enseignant chercheur à INP-HB, spécialiste en chimie des substances a dit de son côté que Kouassi Kra Justin s’est orienté vers l’entreprenariat et c’est ce qui a conduit le fondateur de Biomass à INP-HB en intégrant l’incubateur ESA, l’incubateur INOV. « Il est venu avec un produit innovant qui est la fabrication de l’engrais Biomass, produit bio. Pour permettre aux consommateurs de consommer les produits bios. Il a présenté un brevet ; c’est ainsi que nous avons su qu’il était au sérieux et nous l’avons encadré et orienter. Nous avons sédentarisé le produit et un suivi. Nous avons contrôlé la qualité de son produit et nous avons été surpris que son produit fût de très hautes qualités. Nous avons travaillé sur ce produit dans laboratoire et nous avons placé ce produit dans le groupe de l’engrais. Son produit a été testé par des paysans qui ont fortement apprécié. Ce qui lui a fallu le prix d’excellence des jeunes entrepreneurs de business compétition organisé par le CGECI. Nous travaillons sur l’emballage, des partenariats à développer mais surtout sur le digital. Je l’encourage à participer au grand salon national et international. », indique-il. Aussi, Dr Adjé ajoute que Kouassi Kra Justin a besoin de financement et d’équipement pour développer son entreprise Biomass.
L’impact de Covid-19 sur l’entreprise Biomass
A l’instar des entreprises du monde, la crise sanitaire à Coronavirus continue d’impacter les chiffes d’affaires des entreprises ivoiriennes. Chez Biomass à Yamoussoukro, le constat est amer. « La Covid-19 a eu un impact sur mon activité en tant que jeune start-up qui ne bénéficie pas de financement. Notre production moyenne qui était 2,5 tonnes par mois est devenue quasiment nul n’ayant pas le moyen de payer la main d’œuvre et aussi faire face aux charges quotidiennes de l’entreprise. Ma vision et ma motivation m’a permis de rester debout. Les clients ont commencé à me contacter après le confinement. Je fais le marketing digital pour me faire connaître. », déplore-il.
A la rencontre des clients de Biomass
L’étape de Kossou
Connu à cause de son célèbre barrage, le village de Kossou est situé à 34 km de la capitale politique ivoirienne, Yamoussoukro. Ce village attire de nombreux touristes chaque week-end. Tous y vont pour visiter ce barrage construit en 1972 qui alimente en l’électricité la Côte d’ Ivoire, le Mali et le Burkina-Faso. Notre visite dans ce village de Kossou n’était pas pour visiter ce barrage mais rencontrer l’un des clients de l’entreprise Biomass. N’goran Tanoh François, 45 ans, Gnamien Brou, 30 ans, deux frères qui font la culture de maraîchère dans ce village. Ils cultivent le chou, Concombre, Aubergine, Tomate et Salade.
« Nous avions expérimenté ce produit en faisant deux cultures. Une culture avec les produits chimiques et l’autre avec le produit Biomass. Nous avions fait du repiquage à la première récolte et cela a duré 3 mois. Les 2 cultures ont produit dans le même mois mais j’avoue que les 2 cultures n’ont pas produit de la même manière. La culture faite à base des produits Biomass ont plus donné que la culture faite à base de produit chimique. La culture faite à base de produit Biomass nous a apporté plus de bénéfice que la culture faite à base de produit chimique. C’est ainsi que nous avions arrêté l’utilisation des produits chimiques. L’engrais Biomass rend le sol fertile et accélère la culture. », a dit N’goran Tanoh François. C’est pourquoi, les frères Tanoh appellent les producteurs de la culture maraîchère à utiliser l’engrais Biomass de Kouassi Kra Justin. Selon N’goran, grâce à l’engrais Biomass, sa production s’arrache comme des petits pains dans la région.
L’Etape de Toumodi
La culture de Sesame, une première dans l’agriculture en Côte d’Ivoire, et c’est M Coulibaly Sié Claver, 30 ans qui la cultive à Toumodi à 29 km de Yamoussoukro. M Coulibaly est parmi ceux qui utilisent l’engrais Biomass de Kouassi Kra Justin. « L’ors de ma visite au Niger et au Burkina-Faso, les cultivateurs de Sesame me disaient qu’il fallait attendre au-delà de 35 jours pour obtenir de bonne fleur.
Mais, avec l’engrais Biomass, j’obtiens ces bonnes fleurs à 25 jours et le temps de récolte est passé à 84 jours. J’ai essayé l’engrais Biomass sur 3 hectares et j’ai obtenu satisfaction. Maintenant, je vais utiliser l’engrais Biomass sur 5 hectares. J’invite les producteurs de la région du bélier d’utiliser l’engrais Biomass du jeune inventeur Kouassi Kra Justin. », a-il souligné. Aussi, M Coulibaly affirme que l’engrais Biomass est un bon fertilisant des sols et permet également d’obtenir un bon rendement.
Moussa Camara
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