Dr Soumaïla Kouassi Brédoumy, Expert consultant en agriculture et développement rural, ex-cadre au ministère de l’agriculture et du développement rural, et ex-conseiller technique du ministre Kobenan Adjoumani, député de la nation et cadre du PDCI-RDA, dans une interview accordée à Nasopresse.com dépeint les rouages de l’agriculture ivoirienne, mais toutefois il propose sa solution.
Pouvez-vous présenter aux lecteurs de Nasopresse.com ?
Je suis Dr Soumaïla Kouassi Brédoumy, spécialiste de la fertilité des sols et de la nutrition minérale des plantes. J’ai été chercheur à l’Institut des Savanes (IDESSA) de Bouaké qui a été intégré au Centre National Recherche Agronomique (CNRA) actuel. Je suis par ailleurs enseignant chercheur au Centre de Recherche en Ecologie (CRE), rattaché à l’Université Nangui Abrogoua. Je suis enfin ex-cadre au ministère de l’agriculture depuis l’année 2000. Au ministère de l’agriculture, j’ai occupé successivement les postes de sous-directeur de la formation agricole, sous-directeur promotion rurale et ensuite inspecteur en charge de la recherche, du conseil et de la formation agricoles. J’ai été également directeur de l’évaluation et contrôle des projets agricoles. De 2012 à 2018 j’ai occupé le poste de Directeur Général des Productions et de la sécurité Alimentaire.
Pouvez-vous nous faire le bilan de l’année 2019-2022 agricole en Côte d’Ivoire ?
Le secteur agricole ivoirien a bénéficié dès l’indépendance de notre pays d’une vision prophétique du président Houphouët-Boigny, au point qu’il en a fondé ses bases qui demeurent extrêmement solides. Le Président Houphouët avait choisi de faire de l’agriculture le socle de l’’économie de son pays sur l’agriculture, alors que le sous-sol était et reste encore riche. Cette vision était clairvoyante. Pour traduire cette vision en réalité économique, il s’est doté des plans quinquennaux et s’est appuyé sur des ressources humaines de qualité. En particulier sur des hommes forts comme Mohamed Diarra pour la planification, Charles Donwahi puis Aboulaye Sawadogo pour l’agriculture et Henri Konan Bédié pour l’économie et des finances qui ont traduit cette vision en stratégies, programmes et activités ayant permis à la Côte d’Ivoire de devenir un pays économiquement, socialement et culturellement fort dans la sous-région, avec des impacts agricoles sur le développement socioéconomique de la population. Il faut rappeler qu’après Charles Donwahi, le Président Houphouët a lui-même pris la tête du département de l’agriculture et conservé le Pr Aboulaye Sawago comme directeur de cabinet, avant de faire sa promotion en qualité de ministre de l’agriculture. Le succès rapide de la politique agricole du Président Houphouët et son impact sur l’économie et le progrès social ont amené les observateurs à parler de « miracle économique » à l’époque.
Dr Soumaïla Kouassi Brédoumy, ex-conseiller du ministre de l’agriculture Photo: Moussa Camara
Ce sont les fondements de cette politique qui ont permis à la Côte d’Ivoire de résister aux chocs des années 80, chocs qui ont engendrés la baisse des produits agricoles. Ces chocs ont impacté très négativement l’économie ivoirienne mais les fondements ont permis de résister. Rappelons que l’économie agricole s’appuyait sur deux piliers : le bois et le café. Le président Houphouët-Boigny, avec les conseillers avisés de son jeune ministre des finances a mis en place un programme et les moyens pour diversifier les bases de l’économie agricole, couplées d’une politique de transformation des produits agricoles. C’est ainsi que la filière cacao prend de l’élan, suivie du palmier à l’huile, de l’ananas, du cocotier, du coton et de l’hévéaculture. D’autres spéculations sont venues rejoindre la troupe, et cela à travers de grands et vastes programmes agricoles régionaux et sectoriels.
Ces programmes agricoles étaient conduits par des structures de développement (SODE) telles que la MOTORAGRI, la SODEPRA, la SATMACI, la CIDT, la SOGB, la SODEFEL etc… En amont de ces structures une recherche agricole de qualité était conduite dans les structures héritées de la colonisation et qui ont été ivoirisées.
Des organes de promotion et de visibilité ont accompagné ce dispositif. Il s’agit de la Coupe Nationale du Progrès, de l’émission La Terre & Progrès. La formation agricole était un maillon principal du dispositif. Les écoles régionales et les Centres de Formation Rurale complétaient l’Ecole Nationale d’Agronomie et le Lycée Agricole de Bingerville. C’est donc tout un ensemble qui a permis à l’agriculture ivoirienne de se mettre au cœur du développement de notre pays.
Malheureusement, au début des années 90, la crise était apparue assez persistante et le président Houphouët-Boigny qui faisait face à un positionnement exécrable pour sa succession a fait venir des éléments exogènes au dispositif existant, mais cela n’a pas suffi à relever le défi jusqu’à sa mort en décembre 1993. Le secteur agricole connaissait une véritable dépression à la mort du Président Houphouët. Dès son accession au pouvoir le président Henri Konan Bédié a remis le secteur agricole au cœur du développement, jusqu’au coup d’Etat de 1999 qui a plombé l’économie et le secteur agricole dans les zones sombres. Le président Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir en 2011 et il a eu la chance d’avoir un ministre qui avait à cœur, le secteur agricole et il a élaboré un certain nombre de plans et de reformes. Ces réformes ont été bien conçues il faut l’avouer, mais dans la mise en œuvre, il ya des difficultés. Comme bilan, il y a un accroissement des productions et en 2019 les productions agricoles ont poursuivi leur croissance, certes avec des inflexions. Et, cela a permis aux producteurs de passer d’un revenu d’environ 3000 milliards à 6000 milliards de FCFA. Toutefois selon une étude de la Banque Mondiale montre que 54.5% des agriculteurs de cacao sont pauvres. Cela signifie qu’il y a d’autres leviers sur lesquels il faut jouer pour améliorer le niveau de vie des populations rurales. En effet selon l’étude de l’IFPRI, qui a servi de base à la formulation du PNIA1, il a été révélé que le cacao n’était pas en première position des spéculations qui impactaient le plus la réduction de la pauvreté en milieu rural. Surprenant mais authentique. Les spéculations comme le manioc et le maïs surclassaient le cacao. C’est-à-dire qu’il faut connaître le secteur afin de mettre en place des mesures d’accompagnement dans le monde rural. Parce que le paysan vit dans un milieu rural. Le paysan ne peut vivre seulement que de son revenu tiré du cacao, dans les conditions actuelles. Donc, il faut trouver un ensemble de productions et d’activités qui peuvent permettre aux paysans de vivre décemment et de sortir de la pauvreté. Il faut donc un politique global de développement rural.
On peut dire en résumé que la croissance agricole observée présente une faiblesse endémique qui est qu’elle n’est pas tirée par l’augmentation des rendements, mais beaucoup plus engendrée par l’augmentation des surfaces.
Par ailleurs la mise en œuvre des réformes connaît de réelles limites.
Le bilan reste donc assez mitigé. On peut faire mieux et on doit faire mieux.
Pour trouver une solution définitive au secteur agricole ivoirien, est ce qu’il n’est pas nécessaire de revenir sur le plan politique agricole qui était mis en place par le président Félix Houphouët-Boigny ?
Vous savez, le secteur agricole a été tellement au cœur de l’économique du pays sous les présidents Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié que la part du budget de l’Etat qui y était consacrée, était assez significatif. En effet, dans les années 1970 sous le président Houphouët-Boigny, le budget alloué à l’agriculture était de 25% et de 13% sous Bédié. Le vrai problème du secteur agricole, c’est la contribution de l’Etat au financement de ce secteur. Parce qu’il y a un certain nombre de prérequis qui relèvent essentiellement de la responsabilité de l’Etat. C’est suite à ces prérequis de l’Etat que le secteur privé peut sans contrainte et de manière efficace investir. C’est pourquoi sous les Présidents Houphouët et Bédié qui ont une parfaite connaissance des réalités de l’agriculture et du milieu rural, l’Etat a mis suffisamment des fonds dans les programmes de développement rural. Le développement agricole sous les nouveaux régimes se veut le développement par le secteur privé. Soit ! Mais, le secteur privé ne peut intervenir dans l’agriculture que si un certain nombre de préalables ne sont obtenus, notamment les infrastructures de maitrise de l’eau, l’accès à l’électricité, la disponibilité en main-d’œuvre qualifiée, des ressources humaines de valeur, des pistes rurales praticables en toute saison, des dispositifs de stockage, des marchés de gros et intermédiaires. Il faut aménager les bas-fonds, créer les conditions et les dispositifs de transformation de nos produits agricoles, et ainsi de suite…
Ce n’est malheureusement pas le cas. En 2018, selon l’évaluation du secteur par l’ensemble des partenaires, la part du budget de l’Etat octroyée à l’ensemble du secteur agricole est de 3,1%. On constate l’impact de cette déficience par la stagnation de la pauvreté à un niveau assez élevé. La croissance de notre économie est tirée par l’immobilier et la construction des infrastructures routières urbaines. La qualité de nos ressources humaines et l’efficacité de notre système d’éducation, selon les rapports des institutions internationales et de l’indice de développement humain, sont les pires de notre histoire.
Il faut revenir aux gros programmes régionaux et aux différents instruments d’accompagnement comme les structures de développement, de recherche et de formation performantes des Présidents Houphouët et Bédié. Ces programmes impactent positivement le milieu rural et l’ensemble de la population. Si non on assiste à une croissance qui génère et accentue les inégalités.
Aujourd’hui la recherche agricole est dans une agonie faute de moyens et de volonté politique. On observe de sérieux problème de gouvernance dans certaines filières ; les questions de transformation ne sont pas abordées de manière structurelle. Nous avons sérieusement régressé au niveau de la première transformation du caoutchouc. On peine à transformer notre noix de cajou. Nous n’avons guère progressé avec les autres spéculations.
Qu’est ce qu’il explique la chute de l’hévéaculture en Côte d’Ivoire ?
C’est le concept de l’organisation de la filière. On ne tient pas compte des reformes qui ont été faites. Souvent les concepteurs de ces réformes sont déconnectés des réalités du terrain.
Le prix du caoutchouc naturel est dépendant des produits finis qui sont les pneumatiques et d’autres sous-produits. Les produits synthétiques issus du pétrole influencent le prix du caoutchouc naturel sur le marché mondial, notamment le prix du pétrole. De manière simplifiée, quand le prix du pétrole est très haut les industries demandent beaucoup plus le caoutchouc naturel et vice versa. D’autres facteurs du commerce mondial affectent le prix. Sachez que les prix des matières premières de façon générale subissent un cycle. En ce qui concerne le caoutchouc naturel, sa vente brute est une voie d’exportation de notre plus-value que peut générer la première transformation au niveau locale. Actuellement nous sommes en dessous de 50% de transformation de notre production nationale de caoutchouc naturel. La Côte d’Ivoire transformait 100 % de sa production en 2000. Les politiques qui ont suivi n’ont pas permis à notre industrie locale d’augmenter sa capacité de transformation au même rythme que l’augmentation de la production induite par les programmes d’appui mis en place sous le Président Bédié.
Malheureusement, nos produits sont exportés à l’Etat brut et cela n’est pas normal. Il faut mettre une politique véritable de transformation et cela va donner des revenus supplémentaires à l’Etat et de créer de nombreux emplois. Il faut mettre en place une politique de développement rurale autour de la production rurale pour soutenir l’ensemble des productions.
Pourquoi le PNIA 1 et 2 ne permettent-ils pas de résoudre ce problème ?
Le PNIA 1 a été bien conçu et sa formulation a été en cohérence avec les objectifs visés. Le PNIA est du reste une déclinaison des programmes régionaux de l’agriculture au niveau national. Les PNIAS sont des recommandations de l’Union Africaine. Le PNIA première génération a été formulé tout juste avant les élections de 2010. Au sortir de la crise postélectorale, la priorité était de se donner les moyens de repartir, de reconstituer les outils de productions de notre agriculture, détruits ou érodés.
C’est ainsi, suite à la mise en œuvre de programmes spécifiques et des fonds mis à la disposition des producteurs, la production du vivrier a connu une augmentation significative. A l’analyse de cette croissance on note que l’augmentation est tirée plus par les surfaces que par les rendements.
Par ailleurs la part du secteur privé de 60% attendue du montant total du PNIA, n’a pas été au rendez-vous. La contribution de 40 % de l’Etat a aussi fait partiellement défaut. Il fallut l’appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) pour combler le gap. Pour que le secteur privé puisse financer le secteur agricole, il y a des préalables comme la disponibilité des routes, de l’électrification, de la main-œuvre de qualité, des bas-fonds, toutes ces infrastructures qui sont du devoir de l’Etat. Nous sommes repartis pour le PNIA deuxième génération, mais tant que ces lacunes ne seront pas comblées, nous ne pouvons jamais avancer. C’est sur cette base que les agropoles ont été conçus. Dans le cadre d’une agropole l’Etat doit pouvoir identifier l’ensemble des contraintes physiques, agricoles et infrastructurelles. Une fois que l’Etat a levé ces contraintes, alors le secteur privé peut venir. Je suis un peu sceptique vu le budget alloué à l’agriculture est très insignifiant au vu des grands défis du secteur. En 2018, la part allouée à l’agriculture représentait 3,1% du budget de l’Etat, pour un secteur qui contribue à la richesse du pays à hauteur de 25% à 30%. C’est donc un gros handicap à lever. Je me demande souvent si nos dirigeants ont conscience que l’agriculture vit comme le corps humain qu’il faut la nourrir pour qu’elle donne le résultat qu’on attend d’elle. Pour la nourrir, il faut financer les formations agricoles, les infrastructures agricoles, les organisations professionnelles, la transformation des produits, la mécanisation de l’agriculture. On rendra ainsi notre agriculture plus productive, plus compétitive et créatrice d’emplois et de richesse.
Dr Soumaïla Kouassi Brédoumy estime que le problème de l’agriculture ivoirienne est son financement. Photo: Moussa Camara
Un ministère avait été dédié au riz au détriment du cacao qui est la matière première. Croyez-vous que la Côte d’Ivoire puisse-il relever ce défi ?
Oui, c’est possible puisqu’en 1976 déjà la côte d’Ivoire avait atteint l’autosuffisance en riz avec la SODERIZ. C’est un défi relevable et la stratégie a été très bien menée. Elle a eu un problème de réalisation de dispositifs et de financement. Pour permettre aux structures privées de financer, transformer afin de mettre en place un riz de qualité et il faut réorienter notre stratégie. Les études ont montré qu’on peut mettre un riz compétitif sur le marché et d’ailleurs nous devons le faire. Créer un ministère de riz, c’est la vision du chef de l’Etat et on ne peut pas le critiquer. Mais, ce qui est important, c’est le financement de ce secteur. On ne peut pas nous auto suffire avec le riz pluvial. Il faut donc inverser la tendance accentuant nos programmes sur la riziculture avec la maîtrise de l’eau. Les grosses structures de transformation de riz doivent être rassurées d’un approvisionnement régulier en paddy, à travers un contrat direct avec les producteurs. Les producteurs de leur côté doivent être capables de produire le riz en grande quantité. Une campagne de marketing et de promotion de notre riz locale pour dire et montrer aux Ivoiriens que c’est du riz de très bonne qualité et qu’il faut désormais le consommer en toute sécurité. Il faut aussi également que les producteurs soient rassurés de l’écoulement de leur production à des prix qui leurs permettent de vivre de leur travail. Il faut attirer les jeunes entrepreneurs agricoles vers cette filière très porteuse. La nouvelle version de la stratégie en cours d’élaboration devrait normalement prendre en compte ces aspects.
Plusieurs jeunes s’adonnent aux métiers de l’agriculture. Mais, les difficultés qu’ils rencontrent, c’est l’acheminement et la vente de leurs produits. Pourquoi le ministère de l’agriculture n’apporte-il pas son aide à ces jeunes agriculteurs ?
Je ne veux pas parler au nom du ministère de l’agriculture. Je n’ai pas ce mandat. Je peux toutefois affirmer que les jeunes sont formés dans les écoles d’agriculture ; des écoles publiques comme privées. Mais, quelle formation ont-ils reçue ? Est-ce qu’ils sont formés à l’entreprenariat ? Ils peuvent sortir avec leur BTS ou BT de ces écoles d’agriculture sans être réellement opérationnels ou formés à l’entreprenariat agricole. Il faut obligatoirement la formation à l’entreprenariat pour qu’ils puissent gérer leur entreprise agricole. C’est ce que j’appelle la formation de type actualisée. Parce que si un jeune se décide de faire la culture de cacao, et que le prix baisse à l’échelle internationale il est quasi certain que ce jeune va très vite abandonner cette culture parce que tout simplement, il n’est pas été formé à l’entreprenariat. Par ailleurs les écoles publiques de formation agricole n’ont pas la capacité d’absorber assez de jeunes pour les besoins du secteur. Pire les moyens logistiques dont ces écoles ont besoin pour la formation pratique ne leur sont pas octroyés. Les étudiants y sortent sans pouvoir répondre aux besoins des entreprises et n’ont pas la capacité de se prendre en charge. Il faut donc qu’une réforme soit opérée dans le système de formation agricole pour répondre aux besoins des entreprises agricoles, des organisations professionnelles, ainsi que pour leur permettre d’exercer le métier d’entrepreneur agricole. Il faut surtout sortir du schéma actuel qui vise à former pour être des employés de l’administration publique.
En ce qui concerne les difficultés que rencontrent certains jeunes qui ont eu le courage d’exercer dans le milieu rural et dans l’agriculture, cela est une réalité. Mais cette problématique n’incombe pas au seul ministère de l’agriculture. Cela doit faire l’objet d’une politique globale du Gouvernement qui intègre les questions de production, de conservation, de commercialisation des produits tirés de l’agriculture au sens large. Sous le Président Bédié, un ministère dédié aux jeunes exploitants avait été créé. Des fonds ont été mis à leur disposition avec des structures d’accompagnent. Cela a donné de très bons résultats. C’est donc une question de volonté politique.
Quelle est votre vision pour l’agriculture ivoirienne dans les années à venir ?
Pour moi il faut avant tout, avoir quelqu’un qui y croit. Il faut qu’au niveau du sommet de l’Etat on soit convaincu de l’importance de l’agriculture. Moi J’y crois fortement. Les producteurs doivent produire pour nourrir la nation, créer de la richesse, des emplois et s’enrichir. L’agriculture doit être conduite comme un business, mais business conduit comme une mission de service publique, donc encadré et fortement accompagné par l’Etat. L’agriculture ivoirienne pour améliorer sa productivité doit renouer avec une recherche agricole performante, s’appuyer sur une maitrise de l’eau, une forte mécanisation et surtout accroitre la transformation in situ de ses produits bruts. Telle est ma vision de l’agriculture. Mener la politique agricole par segment ne correspond pas à ma vision des choses, très modestement. C’est donc aborder les filières dans toute la chaine des valeurs qui permettra d’atteindre cette vision de nourrir, créer des emplois et générer de la richesse pour le pays et pour les producteurs. Il faut y croire, y mettre la volonté politique et les moyens nécessaires. Cela est faisable.
Votre mot de fin ?
Je crois à l’agriculture ivoirienne des années à venir. Il faut cependant repenser la politique et la vision du secteur. L’agriculture peut être confrontée à d’énormes problèmes si nous ne changeons pas notre manière de la conduire, de l’encadrer et d’accompagner les acteurs. Il faut repenser la gouvernance agricole. Pour les années à venir, la Côte d’Ivoire doit compter sur son agriculture pour pouvoir se développer. Il faut une politique agricole qui assure des recettes pour tous les acteurs et qui accorde une priorité à la sécurité alimentaire, parce que cela est très important pour un pays agricole. N’oublions pas que la première vocation de l’agriculture est de pouvoir nourrir les humains. Tout gouvernement doit pouvoir nourrir son peuple et ce peuple doit manger à sa faim. Ma toute petite expérience dans le secteur doit me permettre d’offrir ma contribution à mon pays.
Propos recueillis par
Moussa Camara
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