- Advertisement -

Côte d’Ivoire / Enquête / Intérêt de l’élevage de bovin dans le district du Kabadougou

2 151

- Advertisement -

Le gouvernement ivoirien, tout en accordant des priorités sur les productions végétales d’exportation (café et cacao), a favorisé la mise en œuvre de programmes cohérents d’incitation aux productions animales surtout du fait des importantes sorties de devises liées aux importations de produits d’élevage et les risques de ruptures d’approvisionnement consécutives à la sècheresse de 1972-1973 dans les pays du sahel (UEMOA, 2000). En effet, face aux offres sahéliennes quasi-inexistantes du fait de la longue sécheresse, le gouvernement ivoirien a senti la nécessité d’asseoir et de promouvoir une politique d’élevage. Ainsi, différentes régions du pays ont été délimitées : le nord et le centre pour l’élevage des grands et petits ruminants et le sud pour l’élevage de porc et de poulet ou encore élevage des animaux à cycle court Essoh, 2006). C’est pourquoi, la région du Nord-Ouest de la Cote d’Ivoire a œuvré pour la productivité et la compétitivité des élevages bovins avec des pratiques d’élevages se conformant aux normes zootechniques. L’objectif général de cette étude de déterminer l’intérêt socioéconomique que revêt l’élevage des bovins au sein de la population.

Figure 1: Difficile de faire l’élevage en ville Photo: Moussa Camara

MATERIEL ET METHODES

Le district de Kabadougou, qui compte une population de 289 779 habitants en majorité rurale et à vocation agricole. Il comprend deux régions administratives (Kabadougou et Folon) dont Odienné est le Chef-lieu. Le climat correspond à une zone de transition climatique entre les climats équatoriaux du sud et les climats soudaniens du nord caractérisé par deux saisons (une grande saison sèche de novembre à mars et une grande saison de pluie d’avril à octobre). Le relief est relativement monotone avec la présence de collines disséminées, de nombreux bas-fonds ayant des sols ferralitiques surtout ferrugineux et granitiques.

 ECHANTILLONNAGE

Pour l’échantillonnage, Dr Bosson Aboly, enseignant- chercheur à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo souligne que seuls les élevages sédentaires de bovins peuvent être été retenus. C’est-à-dire, c’est un critère de choix important dans un cadre d’étude. Afin d’avoir un échantillon représentatif dans chaque département, plusieurs localités peuvent être été choisies. Il se trouve que 313 élevages bovins ont fait l’objet d’enquête. La méthode d’échantillonnage a été la méthode empirique, non probabiliste dans laquelle les individus sont retenus lorsqu’on les rencontre. Cependant la probabilité qu’un individu soit retenu n’est pas connue.

Figure 2: La plupart du mode d’acquisition des bêtes se fait également par des dons Photo: Moussa Camara

COLLECTE ET ANALYSE DES DONNEES

Parmi les 313 boviculteurs du District de Kabadougou, des enquêtes ont été menées pour déterminer le mode d’acquisition des fermes, les races exploitées, l’intérêt économique et les contraintes liées au développement de l’élevage.

Les données statistiques ont été effectuées à partir du logiciel STATISTICA version 7.1.

Les comparaisons des paramètres zootechniques ont été réalisées en utilisant le Test U de Mann-Whitney.  Le seuil de significativité a été fixé à 5% (p < 0,005).

 RESULTATS

L’enquête a permis de mettre en exergue des thèmes clés par lesquels les éleveurs de bovins ont été évalués :

  • Races exploitées : 51 % des éleveurs disposent de races croisées (zébu X N’dama), 35 % de zébu et 14 % de races locales (Baoulé et N’dama) ;
  • Mode d’élevage : 77 % des éleveurs ont acquis leur cheptel par achat, 15 % par héritage et 8 % par don ;
  • Intérêt économique : 62 % des éleveurs pratiquent l’élevage d’épargne, 24 % l’élevage de rente et 14 % l’élevage de subsistance ;
  • Contraintes : 56 % des éleveurs en alimentation et gestion des pâturages, 29 % en pathologies (tuberculose, péripneumonie contagieuse bovine, fièvre aphteuse et parasitoses) et 15 % en technique d’élevage (fiche technicoéconomique mal documentée) ;

 

Figure 3: Les principales races rencontrées sont les métisses ou hybrides Photo: Moussa Camara

Intitulé de l’enquête Effectif des éleveurs Eleveurs concernés Fréquence en %
Races exploitées
Races locales (Baoulé et N’dama) 313 43 14
 Races zébu 313 110 35
Races croisées 313 160 51
Mode d’élevage
Acquisition par achat 313 241 77
Acquisition par don 313 25 8
Acquisition par héritage 313 47 15
Intérêt économique
Elevage de subsistance 313 44 14
Elevage de rente 313 75 24
Elevage d’épargne 313 194 62
Contraintes
Alimentation et gestion des pâturages 313 175 56
Techniques d’élevages 313 47 15
Pathologies 313 91 29

 

Figure 4: Présentation des bovins de races croisées (Zébu X N’dama) Photo: Moussa Camara

 DISCUSSION

 Les principales races rencontrées sont les métisses ou hybrides (51% des élevages) issues des croisements entre les races locales (N’dama et Baoulé) et les zébus peulh soudanais. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les hybrides bénéficient des aptitudes trypanotolérantes des races locales et la grande taille des zébus. Ce résultat concorde avec celui de Camus et al. (1981) et de Atsé (1980) affirmant que les élevages de la région nord présentent des signes très importants de métissage, de l’ordre de 43 à 57%. Il en est de même pour Roukayath (2016) au % des nord-est du Benin. Ces résultats diffèrent de ceux de Baldet (2011) au Sénégal oriental.  Il se trouve que 77 % des élevages ont été acquis par achat et 62 % des éleveurs pratiquent de l’élevage d’épargne contre 24 % d’élevage de rente et 14 % d’élevage de subsistance. Ce constat a été fait par Bernadet (1984) et Doti (2010) estimant que l’élevage bovin intervient essentiellement comme moyen de thésaurisation et d’épargne.

Cependant, des contraintes au développement existent au niveau de l‘alimentation des bovins, des techniques de production et surtout de l’état sanitaire des animaux, notamment de la présence de la tuberculose, de la péripneumonie contagieuse bovine, la fièvre aphteuse et des parasitoses. Cela s’expliquerait par l’ignorance des éleveurs de la santé animale et des pratiques d’automédication auxquelles ils sont solidement attachés. Ces pathologies ont été observées par Drabo (2011) à l’ouest du Burkina Faso. Cette dominante pathologique serait favorisée par le milieu humides où la pression parasitaire paraît élevée et favorable à la propagation des maladies.

Figure 5: les élevages sont essentiellement de types traditionnels et sédentaires Photo: Moussa Camara

 En somme, les élevages sont essentiellement de types traditionnels et sédentaires dont l’aliment de base reste le pâturage naturel dans le District du Kabadougou. Le cheptel bovin est constitué de 51 % de races croisées (Zébu X N’dama) dont 77 % des élevages ont été acquis par achat. Il a un intérêt économique dans la société avec 62 % des élevages intervenant comme moyen de thésaurisation et d’épargne pour les éleveurs. Cependant, les contraintes au développement existent dont les pathologies telles que la tuberculose, la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), la fièvre aphteuse et les parasitoses. Pour cela, l’administration ivoirienne est interpelée pour le renforcement de la lutte contre ces maladies au niveau des élevages extensifs.

Moussa Camara

 

Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.