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Côte d’Ivoire / Cohésion sociale :11 ans après la crise postélectorale / Le village d’Anonkoua-Kouté renaît de ses centres

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La crise électorale qui a secoué la Côte d’Ivoire en 2010 et 2011 n’a pas épargné le village d’Anonkoua-Kouté. 11 ans après, ce village a retrouvé sa vie normale. Nous nous sommes rendus dans le village d’Anonkoua-Kouté pour voir la cohabitation entre villageois, allogènes et étrangers. Reportage !!

Anonkoua-Kouté, village Ebrié, situé en plein cœur d’Abobo, a connu les affres de la crise postélectorale de 2010 et 2011. 11 après cette crise, nous nous sommes rendus dans ce village pour voir la cohabitation entre villageois, allogènes et étrangers. Le 17 novembre 2021, nous arrivons dans ce village. Nous tentons d’interroger les villageois sur la cohésion sociale. Malheureusement, aucun villageois ne veut s’ouvrir à nous.  Idem pour les allogènes et étrangers vivants dans le village. Nous réalisons ainsi que les habitants de ce village ne s’ouvrent pas aux médias et aux inconnus dans leur village. Alors, nous décidons de visiter ce village régulièrement. Nous constatons après un mois que la Croix rouge mène plusieurs activités dans le village et les agents de cette structure se sont familiarisés avec les villageois. Nous contactons à cet effet, un responsable de la Croix rouge de la commune d’Abobo. Et, nous trouvons Mr Franck qui nous accepte dans sa structure afin de nous aider à réaliser notre reportage.

Le village d’Anonkoua-Kouté abrite tous les ethnies y compris les étrangers  Photo: Moussa Camara

Quatre mois passés, nous retournons dans ce village d’Anonkoua-Kouté, cette fois-ci en tant qu’agent de la Croix rouge. Sous recommandation de Mr Franck, nous donnons un pseudonyme aux habitants qui ont accepté de nous faire cette hospitalité. Nous leur expliquons ainsi que la Croix rouge mène une enquête sur la cohésion sociale dans leur village. C’est le couple Éric qui nous ouvre ses portes. Solange, la femme d’Éric nous rassure que tout se passe bien entre les habitants du village d’Anonkoua-Kouté. « Dans le village, il y a Abbè, Attié, Baoulé, Dioula et d’autres ethnies ainsi que les étrangers en majorité Burkinabé et Malien. A vrai dire, nous vivons en parfaite symbiose dans le village. Si vous avez constaté que les habitants se méfient des inconnus dans le village c’est parce que l’attaque que le village a connue est du fait des inconnus. Ils venaient dans le village et sympathiser avec les habitants et repartaient véhiculer de fausses informations sur les habitants du village. », nous confie Solange. Eric, le mari de Solange nous dit que les habitants d’Anonkoua-Kouté forment une seule et unique famille. « Lorsqu’il y a une activité au village, c’est tout le monde qui sort. A preuve, dans la fabrication de l’Attiéké, c’est pratiquement toutes les femmes du village qui travaillent ensemble. Il y a même des Congolais, des Béninois et Togolais qui vivent avec nous ici et il n’y a aucun problème entre nous dans ce village. », a souligné Eric.

Anonkoua-Kouté, le vivre ensemble est une seconde religion Photo: Moussa Camara

Déborah, vendeuse de pagne dans le village précise que les Ebrié sont un peuple très accueillant et courtois. « Si les Ebrié aiment ton affaire, ils te traitent comme leur enfant », ajoute-elle. Après l’intervention de cette jeune dame, nous nous dirigeons vers la clinique de Mr Dion, un médecin à la retraite. Ici, même son de cloche. Mr Dion, nous dit que sa clinique est fréquentée par toutes les composantes ethniques vivant dans le village. Et lui, il ne fait pas de distinction entre habitant. Selon lui, tout se passe très bien entre les habitants du village. En effet, le village d’Anonkoua-Kouté abrite une église catholique, Méthodiste et une Mosquée. Et, c’est la Paroisse Saint-Matthieu d’Anonkoua-Kouté qui nous accueille. Emmanuel, 19 ans, jeune de la Paroisse affirme que les jeunes du village se fréquentent mutuellement et mènent des activités ensemble. Pour lui, tout se passe bien entre la jeunesse d’Anonkoua-Kouté. Mr Jeannot, Catéchiste ne dira pas le contraire. « Au niveau de la cohésion sociale, c’est de vivre ensemble avec toutes sortes d’ethnies. Avant la crise électorale de 2010 et 2011, il y avait déjà une scission entre fils du village à cause du foncier, c’est-à-dire, dans la répartition de l’argent des terrains vendus entre fils du village. A part cela, tout se passe bien entre habitant de ce village. J’accueille tout le monde chez moi et je discute avec tout le monde. Je demande aux hommes politiques de mettre de l’eau dans leur vin.  Parce que pour leur poste politique, cela engendre des conflits ethniques. », a déclaré Mr Jeannot, ce Catéchiste de la Paroisse Saint-Matthieu d’Anonkoua-Kouté.

Ainsi, Mr Franck, un des responsables de la Croix rouge dans la commune d’Abobo, vivant dans le village d’Anonkoua-Kouté dit n’avoir aucun problème depuis son arrivée dans le village, il y a 11 ans. « Pour preuve, les Ebrié me donnent chaque samedi l’Attiéké que je partage avec mes enfants. Ils m’ont surnommé Mobio Koutoua. Aussi, ils m’ont proposé d’appartenir à une génération et jusqu’à présent je n’ai pas encore donné suite à cette demande. La plupart de mes amis sont les Ebrié et nous partageons régulièrement des repas ensemble. », a indiqué Mr Franck.

Après 11 ans, le village d’Anonkoua-Kouté a retrouvé sa vie normale  Photo: Moussa Camara

Après cet échange avec notre guide, nous partons pour la chefferie. N’ayant pas trouvé le chef en place, notre guide, Mr Franck, nous oriente vers un ancien membre de l’ancienne chefferie, chargé des questions foncières dans le village. Mr Ambroise, âgé de plus de 60 ans, nous confirme la fraternité entre les habitants de son village. « Il n’y a aucun problème entre nous habitants du village d’Anonkoua-Kouté. Nous travaillons ensemble, menons des activités ensemble et nous nous assistons mutuellement. Nous ne nous ouvrons pas facilement aux inconnus, cela à cause de la crise que nous avons connue dans le village. », a martelé le chef Ambroise.

Pour ce faire, nous nous rendons au foyer des jeunes du village où nous trouvons des jeunes du village en pleine fête et l’un d’eux nous assure que le village d’Anonkoua-Kouté est l’endroit où le vivre en ensemble est une seconde religion.

Moussa Camara

 

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