Côte d’Ivoire / Projet PRE / La deuxième phase officiellement lancée pour accélérer les paiements carbone autour du Parc national de Taï

Le Projet de Paiement des Réductions des Émissions (PRE), financé dans le cadre du mécanisme international REDD+, entre officiellement dans sa deuxième phase. Le lancement de cette nouvelle étape, placé sous le thème « Second appel à manifestation d’intérêt pour le recensement des bénéficiaires du projet PRE », s’est tenu ce mardi 22 juillet 2025 à la Primature au Plateau.

Fruit d’un engagement fort de la Côte d’Ivoire en faveur de la préservation de ses forêts, le projet PRE repose sur un contrat signé en 2020 avec le Fonds carbone de la Banque mondiale. Ce contrat prévoit la vente de 10 millions de tonnes équivalent CO₂, pour un montant total de 50 millions de dollars, répartis en trois paiements conditionnés à la vérification effective des réductions d’émissions.

Selon les chiffres présentés lors de la cérémonie, la Côte d’Ivoire a atteint et même dépassé ses objectifs initiaux. Entre octobre 2020 et décembre 2021, ce sont 7 millions de tonnes équivalent CO₂ qui ont été réduites, entraînant le versement d’un premier paiement de 35 millions de dollars. Un second paiement de 15 millions de dollars a été obtenu en juin 2025, à la suite de la vérification de 3 millions de tonnes supplémentaires réduites sur la période 2022-2023. Le montant total reçu s’élève donc déjà à 50 millions de dollars.

Le coordinateur national du projet, Éric Konan, a expliqué que les fonds sont redistribués selon un mécanisme rigoureux. 5 % sont affectés à un fonds de dotation destiné à la pérennisation du projet, tandis que 95 % sont répartis entre bénéficiaires directs et indirects.

71,25 % des fonds vont aux bénéficiaires directs, dont : 50 % aux communautés rurales actrices de la conservation, du reboisement ou de l’agroforesterie ; 21,25 % aux institutions comme l’OIPR (Office Ivoirien des Parcs et Réserves). 23,75 % sont alloués aux bénéficiaires indirects tels que les partenaires institutionnels impliqués dans la mise en œuvre du projet.

Le paiement s’effectue par mobile money via un système automatisé appelé Bulk Payment, capable de verser simultanément à 2 400 bénéficiaires. Cependant, ce processus fait face à des défis techniques comme les doublons, les plafonds de compte mobile, ou encore l’identification non conforme des numéros de téléphone.

Pour éviter tout détournement ou mauvaise gestion, notamment dans les communautés rurales, un dispositif d’accompagnement a été mis en place avec les corps préfectoraux afin de garantir que les fonds bénéficient à l’ensemble des membres concernés.

La plateforme numérique dédiée au projet PRE permet aux bénéficiaires potentiels de s’inscrire, de géolocaliser leurs parcelles et de documenter leurs activités (agroforesterie, reboisement, etc.). Elle est dotée : d’une cartographie interactive couvrant les cinq régions du projet (Nawa, Gbôklê, San Pedro, Cavally, Guémon) ; d’un système d’assistance technique ; et de vidéos pédagogiques pour accompagner les moins familiers avec les outils numériques.

Les inscriptions sont ouvertes du 22 juillet au 22 octobre 2025, et concernent : Les nouveaux bénéficiaires ayant mené des activités entre 2022 et 2024 ; Ceux qui étaient éligibles au premier appel mais qui, pour des raisons techniques ou administratives, n’avaient pas pu s’enregistrer à temps.

Au-delà des 10 millions de tonnes déjà contractualisées, la Côte d’Ivoire a généré environ 10 millions de tonnes de CO₂ supplémentaires. Ces crédits pourraient faire l’objet de transactions futures avec d’autres partenaires internationaux. Une dynamique saluée par le ministre de l’Environnement, Jacques Konan Assahoré, qui a insisté sur l’opportunité de mobiliser des financements additionnels au profit du développement local.

Le Directeur exécutif de la Fondation pour les Parcs et Réserves de Côte d’Ivoire, N’Golo Fanny, a rappelé le rôle clé de sa structure, chargée d’assurer les flux financiers vers les bénéficiaires directs et indirects.

Le projet PRE, par son ambition et ses résultats tangibles, s’impose comme une réponse concrète à la déforestation tout en apportant des ressources directes aux communautés. Il illustre la volonté de la Côte d’Ivoire de faire de la transition écologique une source de développement durable.

 Moussa Camara

Nasopresse.com