Le mercredi 7 mai 2025, un atelier de restitution s’est tenu dans les locaux de la Représentation de la CEDEAO à Cocody-Abidjan. Organisé par le Conseil des Organisations de Lutte contre l’Abus de Drogue de Côte d’Ivoire (CONAD-CI), cet événement avait pour but de partager les enseignements tirés de la table régionale sur les risques liés à la criminalité transnationale organisée, tenue à Accra (Ghana) du 17 au 19 décembre 2024.
Initiée par le Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG), en collaboration avec le GIABA (Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest), cette table ronde avait réuni 15 femmes issues de la région pour réfléchir à des solutions face à un fléau qui menace la stabilité, la justice et le développement social en Afrique de l’Ouest.
Mme Charlotte Aké, assistante de communication à l’ONG CLUCOD. Photo: Moussa Camara
Lors de la restitution, Mme Charlotte Aké, assistante de communication à l’ONG CLUCOD, a présenté un exposé détaillé sur le blanchiment des capitaux, ses mécanismes et ses implications. Elle a distingué le blanchiment d’argent du blanchiment de capitaux, mettant l’accent sur la diversité des biens concernés : argent liquide, or, bijoux, œuvres d’art, immobilier, etc.
Elle a expliqué que le blanchiment de capitaux suit généralement trois étapes : Le placement : introduction des fonds d’origine criminelle dans le circuit financier ; La stratification : multiplication des transactions pour dissimuler l’origine des fonds ; L’intégration : réintroduction des fonds dans l’économie légale via des investissements.
Mme Aké a également rappelé les dispositifs légaux en vigueur, notamment l’ordonnance n°2003-875 du 23 novembre 2023, qui encadre la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes. Elle a évoqué les décisions récentes de la BCEAO, notamment celles de décembre 2023 et mars 2024, qui fixent les seuils de déclaration pour les transactions financières suspectes.
Mme Fatème Aïdara Ouattara, chargé de programme au RAIDH. Photo: M.C
De son côté, Mme Fatème Aïdara Ouattara a abordé le thème de l’implication des femmes dans les différentes formes de criminalité transnationale organisée en Côte d’Ivoire. Elle a souligné que les femmes sont à la fois victimes et parfois actrices dans des crimes tels que la traite des êtres humains, le trafic de drogue, de migrants, de médicaments frauduleux, ou encore dans des fraudes fiscales.
Selon elle, plusieurs facteurs sociaux et économiques favorisent cette implication : pauvreté, pression sociale, manque d’opportunités, conflits armés, abus de substances, rejet familial, ou encore influence des proches engagés dans des réseaux criminels. À travers des exemples concrets, elle a mis en lumière la nécessité de sensibiliser les femmes et de renforcer leur résilience face à ces risques.
M Tall Lassina, coordinateur régional de CONAD-CI. Photo: M.C
M Tall Lassina, coordinateur régional de CONAD-CI, a salué la qualité des échanges et la pertinence de cette restitution, soulignant l’importance pour les OSC (Organisations de la Société Civile) de s’approprier les politiques publiques de prévention et de lutte contre la criminalité organisée.
Mme Baldé Régina, représentante de l’ambassadrice Fanta Cissé, Haute Représentante de la CEDEAO en Côte d’Ivoire. Photo: M.C
Mme Baldé Régina, représentante de l’ambassadrice Fanta Cissé, Haute Représentante de la CEDEAO en Côte d’Ivoire, a pour sa part encouragé la démarche de redevabilité des deux participantes. En tant que responsable du Centre d’Information du GIABA à Abidjan, elle a rappelé le rôle fondamental des femmes dans la mise en œuvre de la Vision 2030 de la CEDEAO, qui fait de l’humain le cœur du développement.
Moussa Camara