L’Auteur de la pièce théâtrale » le Soleil de Cocody », l’homme émérite Diallo Ticouaï dont éloquence témoigne d’une maturité axée sur le développement de l’Afrique en général, s’est illustré en particulier sur la Culture de son pays, la Côte-d’Ivoire, à notre micro.
Diallo Ticouaï Vincent, acteur de théâtre et promoteur du troupe »Le soleil de Cocody ». Photo: F.K
« Quand on parle de l’émergence rien ne doit être laissé pour compte. L’émergence c’est la culture, l’émergence c’est la route, l’émergence c’est l’habitat, l’émergence c’est aussi le salaire des Ivoiriens, c’est la bonne vie, l’émergence c’est la civilisation, la bonne mutation que nous faisons. Parce qu’on a laissé ce qu’on avait. Évidemment on s’assoit sur l’ancienne natte pour tisser la nouvelle. Alors, si un peuple n’a pas d’âme, on ne peut pas parler d’émergence et on ne peut pas parler d’émergence culturelle. Or, l’émergence culturelle c’est le théâtre, la musique, la danse: tout le monde des créateurs », a souligné Diallo Ticouaï, avant d’appeler à l’aide.
« Je lance un appel au chef de l’État pour qu’on puisse instaurer en Côte-d’Ivoire des subventions, des œuvres d’utilité publique. Ça existent en France, c’est une subvention; ce ne sont pas des prêts. Je pense que si le président nous offre ça, nous aussi, on sera émergent », a -t-il soutenu.
Ticouaï a aussi révélé son engagement à œuvrer au côté du pouvoir : « Je veux apporter ma contribution pour le développement de mon pays, donc je veux travailler à côté du pouvoir; Le pouvoir contre qui, je ne suis pas. Je ne suis pas contre. Je veux l’accompagner », a-t-il déclaré avec insistance avant de poursuivre: « Vous savez qu’à l’époque de Houphouët Boigny, c’est Groguié qui a permis à Houphouët de régler certains tares de la société. Vous savez à un moment donné, toutes les promesses faites à la Côte d’Ivoire par le président, n’étaient pas tenues par les ministres qui étaient en charge. Groguié, sur le terrain montrait à Houphouët, par le jeu d’acteurs que ça ne va pas. D’où l’émission comment ça va », explique Ticouaï.
« Au côté du grand travail que fournit Alassane Ouattara, Ces ponts, toutes ces choses, comment les Ivoiriens doivent utiliser toutes ces belles choses qui se font en Côte d’Ivoire? », s’est-il interrogé.
« Nous n’avons pas de culture, je dis que nous n’avons pas de culture. Je n’insulte personne. Mais je dis que nous n’avons pas de culture. Il faudrait que nous reprenions le chemin de la planche pour dire aux gens que l’élévation s’en va avec l’élévation, la mutation s’accompagne. Rien ne doit être en retard y compris la culture d’un pays », a longuement expliqué l’homme de culture.
Réitérant son point de vue, il a rappelé les problèmes auxquels est confrontés la Fédération ivoirienne de théâtre professionnel : « Les problèmes ? La fédération, est d’abord naissante ; elle n’a pas encore 5 ans. Sa création répond à un souci. Quand on a fait autant d’années dans le métier, il faut choisir un camp, il faut choisir la hauteur. J’ai compris que quand on n’est pas entrepreneur culturel et qu’on ne vit pas de son art, on n’est pas professionnel. Quel que soit la qualité du travail qu’on fait, on est amateur, parce que, quelque part on est médecin, quelque part on est instituteur et puis on vient faire du théâtre à ses heures libres. Moi j’en faire une vie, je nourris ma famille à partir de ça », s’expliqua fermement Ticouaï.
Pour lui, la création d’une structure répondant à ces valeurs est impérative: « Donc je dois créer une structure qui répond à ces valeurs. Et ceux qui doivent maintenant entrer dans cette fédération, doivent prendre option .C’est-à-dire, accepter d’être professionnels. Je recrute une troupe qui me donne toutes les dispositions professionnelles de son fonctionnement. Donc il y a une obligation d’élévation du travail. Quand on devient professionnel, il y a des choses qu’on ne peut plus faire. Bientôt les troupes vont sortir, ils verront la comédie ivoirienne qui est comme la compagnie nationale de la fédération sortie une pièce avec toute la crème avec tous les grands comédiens qu’on connaît: Banaja, Diallo Ticouaï et Kalou Noël. C’est des noms qui sont connus dans le milieu, mais je veux réellement révélé par le travail pour montrer aux Ivoiriens que ces gens-là, ont besoin d’être connus et respectés pour ce qu’ils font . Voici un peu ce que c’est que la mission de la fédération », a étayé Diallo Ticouaï.
« La Fédération ivoirienne de théâtre professionnel va proposer avec ses compagnies de grandes œuvres en Côte d’Ivoire. Des œuvres structurées. Ce que la comédie ivoirienne ne pourra pas faire le Soleil de cocody, va faire ou d’autres troupes qui sont affiliées peuvent remplacer les grandes pièces. Donc nous allons avoir très bientôt de grandes pièces », a fait savoir l’homme de culture. Toujours selon lui, le théâtre favorise une bonne éloquence langagière.
« En Côte d’Ivoire, pour que l’enfant apprend à parler correctement, il doit regarder une pièce de théâtre », Le disant Ticouaï argumente: « Saviez-vous que il y a un temps, ce n’est pas le ministre de l’Éducation nationale qui va dire c’est faux, la France a trouvé que le niveau d’étude des Ivoiriens étaient trop élevé et qu’on était trop en avance par rapport à eux, et donc il fallait baisser. Je mets chacun au défi de m’apporter la contradiction. Aujourd’hui nous voyons ce français terre à terre qui se parle, il y a des problèmes. Tu vas à une télévision, on te dit ton affaire-là ne fait pas rire. Les Ivoiriens n’ont pas besoin de rire, ils ont besoin de réfléchir, de prendre des options. On a besoin de former des cadres qui vont défendre le pays. Mais quand on a fini de rire est-ce qu’on peut défendre le pays? Qu’est-ce qu’on a appris? Parce que quand tu es parti à l’école tu n’as que des connaissances livresques. Et quand tu viens sur le terrain, il faut que tu aies des exemples, il faut que tu vois de grandes œuvres, il faut que tu travailles, il faut que tu fasses ton stage, quand tu fais ton stage à côté, il y a la culture qui élève ton âme. Donc tout ceux- ci, forme un ivoirien. Je pense que c’est important il faut qu’on revienne au fondamentaux, c’est ça qui est important », a réitéré Diallo Ticouaï avant de rebondir sur le volet des problèmes qui minent la Fédération.
A l’en croire « La Fédération ivoirienne de théâtre professionnel, n’a pas encore de problème. Elle va asseoir un programme on se donne deux ans pour sortir les troupes qu’il faut pour faire une programmation nationale avec des relais de producteur dans chaque district de Côte d’Ivoire, descente que la fédération ait ainsi ses sites de distribution et de diffusion de cette pièce il n’y a pas de problème. Nous négocions toujours et nous continuons de négocier l’espace. Et bientôt nous allons commencer à enregistrer nôtres propres pièces pour la proposer à la télévision puisque ça s’impose. Nous allons démarrer avec la comédie ivoirienne du professeur Sétout de Tibis Koffi. C’est une pièce qui va connaître sa grande première au Palais de la culture nous sommes en train de voir la date de mars ou d’avril selon que nous ne voulons pas qu’un seul ivoirien ni voit pas cette pièce. Parce que nous apprenons que le Carême musulman va commencer début mars. Il faut permettre aux Ivoiriens de faire le Carême tranquillement et à la fin nous ferons. Si la date que nous avons choisi ne coïncide pas, nous serons obligés d’attendre nos frères qui sont en Carême, pour que eux aussi puisse voir le théâtre avec tous ceux qui ne sont pas en Carême. C’est une programmation très responsable que nous avons fait. Nous on n’est pas pressé, personne ne nous presse. J’ai lu la pièce de Tibis Koffi avec beaucoup de passion. J’ai aimé sa pièce, c’est pourquoi je la mets en scène. Elle me parle la pièce, oui elle me parle », a argumenté Ticouaï.
Parlant des besoins de sa fédération, il les évoque avec regret: « Ce sont les besoins spécifiques en toute perspective de ce genre, il faut d’abord les moyens. Il faut les moyens parce que la production coûte chère. Pour produire pièce de théâtre, il faut 25 millions. Ça je vous dis on se contente de faire la production d’une pièce de théâtre à deux ou trois millions mais, c’est du n’importe quoi. Sinon pour produire une pièce de théâtre avec toutes les commodités pour plaire pour permettre aux Ivoiriens de voir dans la grandeur c’est au moins 25 millions. L’acteur qui répète doit avoir des perdiems conséquent. Et puis il faut pouvoir envoyer des émissaires. Il y a la promotion qu’il faut promouvoir, il y a la communication qui est autour, ce n’est pas rien du tout avant que la pièce sorte. Et quand elle sort, maintenant c’est en ce moment l’investissement se fait rembourser et là, on gagne un peu de bénéfice. Voici c’est une entreprise. Une pièce de théâtre c’est une entreprise. Vous avez les régisseurs les acteurs les mettait en scène le costumier vous avez les programmateurs les gens de la communication. Ce n’est pas Diallo Ticouaï, avec quelques personnes en répétition. C’est ça le travail que nous faisons. Je pense que les autorités ont commencé à comprendre », s’est longuement exprimé l’icône de la culture ivoirienne. En réitérant la demande de subvention pour conclure.
Ferdinand KEYN.