Placé sous le thème : « Atelier de sensibilisation et de renforcement des capacités des forces de l’ordre, des professionnels de santé et des leaders religieux sur la nouvelle loi sur la drogue en Côte d’Ivoire », l’association Paroles autour de Santé, en collaboration avec le Comité interministériel de la lutte Antidrogue (CILAD), a organisé un atelier avec les forces de l’ordre ce mercredi 28 février 2024 à la CERAO sise à Angré carrefour Aghien dans la commune de Cocody.
Pr KOUMA Yao Ronsard, secrétaire général du CILAD a dit que depuis les années 80, la Côte d’Ivoire a connu une influence négative en matière de trafic de drogue. Selon lui, la Côte d’Ivoire était un terrain de passage pour les trafiquants pour pouvoir écouler la drogue vers l’Europe. C’est ainsi que, ajoute-t-il, pour éviter la création d’un marché local et des vendeurs de drogues sur son territoire ivoirien, que l’autorité a pris une loi depuis 1988 pour réprimer la lutte contre la drogue. Cette loi 686 du 22 juillet 1988, dit-il, était fortement répressive parce que pour un usager de drogue, c’était de 1 à 5 ans d’emprisonnements.
« La loi n’avait que 15 articles et ignorait plusieurs aspect par rapport aux nouvelles tendances et la Côte d’Ivoire a ratifié les différentes conventions internationales sur la drogue notamment celle de 1961, 1971 et de 1988 et les différents protocoles associés. En 2016, la Session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur le problème mondial de la drogue (UNGASS) a encore demandé aux différents Etats d’écrire des lois respectueuses de la dignité humaine. C’est-à-dire des lois qui considèrent l’usager de drogue comme un malade et non un criminel. Dès lors, nous avons profité de cette opportunité pour proposer une nouvelle loi à la Côte d’Ivoire. Il s’agit donc d’une loi dans laquelle on ne parle plus de répression mais de lutte contre le trafic et l’usage illicites de stupéfiants, de substances psychotropes et leurs précurseurs. C’est-à-dire la réduction des risques en matière du trafic et d’usage de drogues. », a expliqué le professeur KOUMA Yao Ronsard, secrétaire général du CILAD
Dr Yavo Marie-Chantal Sidonie, psychologue au PNLTA a indiqué que cet atelier situe les responsabilités de tous les acteurs concernant la nouvelle loi sur la drogue en Côte d’Ivoire. Pour elle, il faut mettre en pratique la nouvelle loi sur la drogue en Côte d’Ivoire ainsi que d’autre loi sur la toxicomanie. Pour ce faire, elle a souhaité la vulgarisation des lois et des outils nécessaires pour mettre un bon changement.
« Nous pensons que la nouvelle loi est venue à point nommé. En tant que psychologue, les injonctions thérapeutiques, on sait comment intervenir dans la chaine de la prise en charge. Pour les addictions, le Ministère en charge de la Santé procède à l’intégration à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, les activités de réductions des risques pour la prise en charge des usagers de drogues. Toutefois, il est à noter qu’une cartographie réalisée par le PNLTA a permis d’identifier sur le territoire ivoirien, les centres de prise en charge des usagers de drogues. A l’état actuel, un projet pilote de dispensation de la méthadone est en cours au Centre d’Accompagnement et de Soins en Addictologie (CASA). » , a indiqué Dr Yavo Marie-Chantal Sidonie, psychologue au PNLTA
Dr Tia Félicien Yomi, coordonnateur de projet Actions de plaidoyer pour le respect des droits des personnes usagères de drogue en Côte d’Ivoire et promotion de la nouvelle loi sur la drogue s’est réjoui de la venue de la nouvelle loi sur la drogue en Côte d’Ivoire. Il a confirmé que celle-ci prend en compte les recommandations des différentes conventions sur la drogue et celle de l’UNGASS 2016. Cette Loi donne des possibilités à l’usager de drogue, d’aller en traitement depuis son arrestation. Et dans la précédente loi di était très répressive.
« Cette nouvelle loi donne à l’usager de drogue, depuis son arrestation à aller en traitement. Ce qui n’était pas le cas dans la loi précédente qui était un peu répressive où usager de drogue était perçu comme un délinquant. Cette loi rentre dans la droite ligne de notre mission. Celle qui consiste à apporter aide et assistance à l’usager de drogue. C’est une facilitation de ce que nous faisons déjà. Donc, il faut faire la promotion de cette nouvelle loi auprès de la population. » , a martelé Dr Tia Félicien Yomi, coordonnateur de projet Actions de plaidoyer pour le respect des droits des personnes usagères de drogue en Côte d’Ivoire et promoteur de la nouvelle loi sur la drogue
M. Assoumou Tokou Antoine, Anthropologue et trésorier général de Paroles autour de la Santé a expliqué que Paroles autour de Santé est une association communautaire qui fait la promotion de la santé des usagers de drogue. Crée depuis 2016, Dr Assoumou a souligné que l’association est composée d’anciens usagers de drogues, des chercheurs tel que des Anthropologues et des socio-Anthropologues.
« Nous nous bassons sur deux stratégies qui nous permettent de réaliser nos activités. Il y a l’approche communautaire. Nous utilisons des paires éducations, c’est-à-dire les ex-usagers de drogue qui vont dans les fumoirs pour faire la sensibilisation sur les différentes pathologies comme le VIH, la tuberculeuse et autres. Ils font les dépistages. Et, lorsqu’il y a des cas positifs, nous les referons dans les centres de santé partenaire tel que l’ASAPSU. Et, l’autre approche, c’est la stratégie scientifique. Nous essayons de valoriser toutes les actions menées par les communautaires dans les fumoirs. Cela, à travers des publications scientifiques, nous participons à des conférences internationales et ensemble nous faisons des plaidoyers pour pouvoir amener les institutions internationales et les autorités à améliorer les conditions de prise en charge des usagers de drogue d’où l’aboutissement à la nouvelle loi sur la drogue e Côte d’Ivoire », a déclaré M. Assoumou Tokou Antoine, Anthropologue et trésorier général de Paroles autour de la Santé
M. Adou Desiré Déjourneux, ex-usager de drogue a jugé que cette nouvelle loi est la bienvenue pour tous. Il attend que cette nouvelle loi soit mise rapidement en pratique. Pour lui, cette nouvelle loi permet à l’usager de drogue d’aller suivre un traitement. Il a souhaité qu’une grande partie des biens des trafiquants de drogues saisis soient utilisés pour les soins des usagers de drogues.
Il faut rappeler que le projet a été financé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans le cadre de THE SCALE INITIATIVE.
Moussa Camara