En 2022, une crise avait éclaté entre les peuples autochtones malinké et les allogènes peuls. Un an après, les deux parties autrefois en conflit semblent avoir fumé le calumet de la paix. Dans le souci de mieux nous imprégner de la réalité, notre équipe s’est rendue à Blamadougou, cité au cœur de la mission. Reportage !
Blamadougou est une localité située à plus de 500 km d’Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire. Elle fait partie de la sous-préfecture de Samanko, dans le district de Denguélé. Selon les informations recueillies, cette crise est intervenue après la destruction des champs par des bœufs, appartenant aux Peuls du village.
« Vous savez, les Peuls ont pour habitude de faire pâturer leurs bœufs dans les champs des cultivateurs. Alors que nous avons lancé plusieurs avertissements à cette communauté. Mais ces recommandations sont tombées dans des oreilles de sourd. C’est ainsi que nous avons pris la décision d’abattre tous les bœufs que nous trouvions dans nos champs », relate Souleymane Diarrassouba, cultivateur à Blamadougou.
Mais un an après, c’est l’harmonie retrouvée, suite à des compromis. « Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre. Le village a trouvé un protocole d’accord avec les Peuls », explique l’interlocuteur. Précisant que ce terrain d’entente a été proposé, pour maintenir la cohésion sociale dans leur cité.
Souleymane Diarrassouba exprime que ce protocole est tout simple. Si un cultivateur aperçoit des bœufs dans son champ, il a le devoir de se saisir du berger et le conduire au village. Le comité de veille mis en place délègue alors deux de ses membres. Ceux-ci se rendent sur les lieux, afin de mesurer les dégâts causés par les bœufs. Cela fait, le propriétaire est appelé à réparer les dommages commis par ses animaux.
Interrogé, le chef de Blamadougou, Touré, dit déplorer le comportement irresponsable de la communauté peul vivant dans leur village. Il s’est réjoui néanmoins de l’accord mis en place, avec le devoir pour lui de veiller à son application.
« Sur mon instruction, un comité de veille a été mis en place, pour le respect scrupuleux de cet accord. Depuis lors, la paix est revenue dans ce village. Les autochtones et la communauté peul vivent en parfaite harmonie », restitue le chef.
Durant notre séjour, nous avons assisté à la visite du sous-préfet de Samanko, Oulaye Firmin. Il a abordé la question de destruction des champs par des bœufs appartenant aux peuls. « Nous allons étudier la question de la transhumance des bœufs, conduits par les Peuls. Mais c’est vous qui devez nous aider à faire ce travail. Nous devons savoir tous quels sont ceux qui vivent avec vous et ceux qui sont de passage », a-t-il encouragé.
Le sous-préfet a rassuré les populations, s’agissant du projet du gouvernement pour résoudre cette affaire. « Le gouvernement envisage, à travers le ministère des Ressources animales et halieutiques, construire un grand pâturage. Le but est de regrouper tous les bœufs des neuf villages. Cela, pour résoudre la question de destruction des champs par ces bêtes », a déclaré Oulaye Firmin.
Les villages voisins, surtout Farala, Lossoko, Gnamana s’inspirent de ce modèle de règlement des conflits, pour ramener la cohésion sociale entre les Peuls et les peuples autochtones.
Moussa Camara