Côte d’Ivoire / Immigration irrégulière / L’UE et la Côte d’Ivoire envisagent le rapatriement de plus de 14000  »présumés » ivoiriens

La 5è réunion du groupe de travail conjoint relatif à la mise en œuvre du entre la Côte d’Ivoire et l’Union européenne a débuté ce jeudi 28 septembre 2023 à l’hôtel Onomo à Port-Bouet.

Au moment où la question relative à la coopération avec l’UE dans la lutte contre l’immigration irrégulière agitait le climat sociopolitique africain, le Président de la République de la Cote d’ivoire, SEM Alassane Ouattara n’a pas hésité à s’engager aux côtés des pays européens dans un projet commun de gestion globale et durable de ce phénomène aux implications multiples.

 

« Suite à la crise migratoire de 2015, la Côte d’Ivoire et l’Union Européenne ont signé un accord de coopération (document partagé) pour lutter contre l’immigration irrégulière. C’était en juin 2018. Ce document qui est l’architecture institutionnel de la coopération est fondé sur deux piliers majeurs. Il s’agit de l’identification des migrants présumés ivoiriens sur la base soit de documents d’identité présentés par le migrant soit par audition de celui-ci s’il ne dispose d’aucun document administratif pouvant attester de sa nationalité d’origine. Outre cela, il y a la facilitation du rapatriement de tous ceux qui seraient identifiés comme ivoiriens. », a déclaré le Gl Touré Seydou, contrôleur général.

 

Selon lui, ce document traduit donc en acte concret la volonté de coopération effective de la Côte d’ivoire avec l’Union Européenne. Outre cela, ajoute-il, la Côte d’Ivoire a signé plusieurs accords bilatéraux avec des pays de l’Union Européenne dont l’Italie, en 2020, 2021 et 2023, considéré comme porte d’entrée de l’Europe depuis la route de la Méditerranée centrale.

« Toutes ces actions, la Cote d’ivoire les a implémentées avec pour objectif principal de créer les conditions efficientes d’identification et de retour sécurisé de tous les migrants irréguliers identifiés comme Ivoiriens d’une part et d’autre part de renforcer les opportunités nationales de même à décourager les tentatives d’immigration irrégulière. », a-il ajouté.

 

En effet les statistiques provisoires portant sur les nationalités présumées des migrants irréguliers arrivant sur les côtes italiennes produits par les services italiens de l’OIM et de FRONTEX sont aujourd’hui les seules sources sur la base desquelles des conclusions sont tirées quant aux nationalités des arrivants. Mais sur quelle base ces chiffres sont produits ?

 

Pour répondre à cette question, le contrôleur général a indiqué que nulle part au monde des migrants irréguliers ou réfugiés ne débarquent avec des documents d’identité dans le pays d’accueil. Alors pourquoi des migrants irréguliers présumés d’une nationalité donnée sont présentés comme étant objectivement de cette nationalité ?

Pour lui, de nombreux jeunes migrants sont nés souvent de parents étrangers vivant en Côte d’ivoire depuis plusieurs décennies mais qui ne sont pas ivoiriens. Et d’autres travaillent en Côte d’ivoire depuis plusieurs années sans avoir acquis la nationalité ivoirienne. A ceux-ci il faut ajouter ceux qui, connaissant les règles autour du statut de réfugiés, brouillent sciemment les pistes autour de leur réelle nationalité.

En effet, vers quel pays peut-on renvoyer un migrant qui a déclaré une nationalité qui s’est avérée fausse après un contrôle ?

Le Gl Touré Seydou a souligné que les migrants irréguliers ne choisissent donc pas la nationalité ivoirienne par hasard. Ils le font de bonne foi pour ceux qui ne connaissent pas d’autre pays que la Cote d’ivoire alors qu’ils ont leurs deux parents étrangers ou parce qu’ils savent qu’une fois qu’ils auront été identifiés négativement, ils peuvent échapper à l’expulsion.

 

Cette rencontre des experts a permis de se mettre d’accord sur l’application des termes de travail qu’ils se sont donnés à travers les instruments en parlant désormais de « migrants présumés ivoiriens » et non de « migrants ivoiriens ».

A l’issu des travaux, les experts ivoiriens vont demander aux parties prenantes de l’accord de coopération de recentrer les accords internationaux contenus dans le « document partagé ». Aussi, voudraient-ils invités les coopérants à consolider les statistiques avec les experts ivoiriens ? Ces derniers se disent prêts à authentifier la nationalité des présumés ivoiriens.

« Dans l’opérationnel, l’on peut constater depuis février 2019, le déploiement de 4 attachés de sécurité intérieure auprès de pays de l’Union européenne (Allemagne, France, Italie et la Belgique). Ces officiers supérieurs s’acquittent au quotidien de la mise en œuvre des accords qui nous lient avec efficience et célérité. Le bilan de leurs actions, qui seront analysés ici, le démontrerons bien. », a martelé le contrôleur général, le Gl Touré Seydou.

 

La porte-parole de la délégation de l’Union Européenne, Mme Francisca a dit que cette réunion consiste d’apporter à la Côte d’Ivoire une série d’appui de sa prospérité dans son développement économique. Mais, dit-elle, d’offrir également des opportunités à sa jeunesse en créant des emplois.

« Nous parlons de la formation professionnelle et l’accès au financement pour les PME. Nous savons que la Côte d’Ivoire est un recevoir économique qui croît à 7% et qui est par ailleurs une source d’inspiration pour d’autres. C’est dans ce cadre que nous tenons cette réunion », a expliqué Mme Francisca, porte-parole de la délégation de l’Union Européenne.

 

Mme Francisca a conclu pour dire que l’Union européenne compte renforcer les projets de la jeunesse en Côte d’Ivoire.

 

Moussa Camara